Après les Boutchichis, qui ont organisé une marche pour soutenir la Constitution, voilà que Mohamed Fizazi, la figure de proue du mouvement salafiste, leur emboîte le pas. Geste calculé ou simple manipulation ? Mystère. Mohamed Fizazi a participé, dimanche à Tanger, à une marche contre le Mouvement du 20 février (M20F). Une participation qui a mis le mouvement salafiste dans l'embarras, sachant que ses partisans sont, au même titre que les disciples de Abdeslam Yassine, le fer de lance des contestations dominicales que connaît la capitale du Détroit. Certaines sources avancent que la participation de Fizazi est calculée. Ce serait un gage donné aux autorités pour la libération des salafistes encore détenus. Taoufiq Moussaïf, un avocat de plusieurs mis en cause dans les attentats du 16 mai 2003, assure sans ambages que son ami « s'est fait avoir ». Tout simplement. « Il a été manipulé par les membres d'une association de commerçants de la ville, très proche du Makhzen. Ils l'ont convaincu de prendre part à une manifestation contre des personnes qui se prononcent ouvertement contre le jeûne durant le mois de ramadan. C'était juste un prétexte. Ils avaient besoin d'un visage médiatique. Mohamed Fizazi a été une proie facile », explique Me Moussaïf. Nous avons à maintes reprises tenté de joindre Mohamed Fizazi sur son portable, en vain. Certaines sources avancent néanmoins d'autres arguments : pour elles, la participation de l'ancien imam d'une mosquée du quartier de Béni Makada a été calculée. C'est un gage donné aux autorités pour la libération des salafistes encore en prison. D'autant que le timing s'y prête, à quelques jours de la fête du Trône, selon une lecture qui s'appuie notamment sur des déclarations de Fizazi dans lesquelles il assure qu'il a entrepris des « révisions » de ses convictions d'avant son incarcération de 2003. Lors de la campagne référendaire de la Constitution, le leader salafiste s'est d'ailleurs prononcé pour le « oui ». Certaines rumeurs le donneraient même candidat aux prochaines législatives. Me Moussaïf oppose à cette thèse un son de cloche totalement différent. « En tant qu'ami de Fizazi, je réfute totalement cette lecture. Fizazi n'a pas changé de position. Son tort, est de s'engager sans prendre le temps de réfléchir et de mesurer les conséquences de ses décisions Fizazi n'a pas l'intention de se présenter aux élections. Pour le moment, il est occupé dans un projet de film avec Nabil Ayouch sur les attentats de Casablanca de 2003, ainsi qu'a vouloir récupérer sa retraite, suspendue depuis son arrestation». Cette participation de Fizazi est-elle un indicateur annonçant un possible changement de position du mouvement salafiste vis-à-vis du Mouvement du 20 février ? « Je ne le pense pas. Depuis son lancement, le M20F a appelé à la libération des détenus islamistes et des salafistes prennent part activement aux manifestations dominicales », répond Me Moussaïf avant de préciser qu'il y a quand même «des personnes de cette mouvance qui sont totalement hostiles aux revendications soulevées par les jeunes du M20F, comme Mohamed Maghraoui par exemple». L'imam, récemment rentré au Maroc après deux ans de villégiature en Arabie Saoudite, contrôle un puissant réseau d'écoles coraniques éparpillées dans les quatre coins du royaume. Il est surtout connu pour sa fatwa, en 2008, autorisant le mariage des fillettes de neuf ans.