La présence des salafistes aux marches initiées par le Mouvement du 20 février suit une courbe ascendante : timide au début et forte après le 14 avril. Les salafistes s'invitent dans le Mouvement du 20 février. Depuis la récente libération d'une dizaine de détenus, les adeptes de cette mouvance ne ratent aucune occasion de se faire remarquer. Et leur présence semble gêner et les autorités et certaines factions du mouvement des jeunes. Durant la marche de Tanger, le 8 mai dernier, une forte mobilisation des salafistes récemment libérés, brandissant des slogans réclamant la libération d'autres détenus accusés de terrorisme, n'a pas été du goût des autorités. Il a fallu des heures de discussions avant que le calme revienne. A Fès, des incidents similaires ont été relevés par certaines sources, faisant état de bisbilles entre des éléments du 20 février et certains groupes dits islamistes. Les salafistes tirent pleinement profit des rendez-vous lancés par le Mouvement du 20 février. Pour eux, c'est la meilleure plate-forme pour étaler publiquement leur cahier revendicatif. Avant le 14 avril, leur présence aux différentes marches étaient pour le moins discrètes. Elle n'a pris son envol qu'avec la libération de Fizazi et les siens. « A Rabat, lors de la marche du 24 avril, près d'un millier de salafistes ont battu le pavé dans les rues de la capitale », constate Nizar Bennamat. « Les salafistes ont également participé avec nous au sit-in que nous avons organisé devant le siège du Conseil national des droits de l'Homme, pour réclamer la libération des détenus politiques », ajoute-t-il. « A Casablanca, je pense que certains salafistes prennent part aux réunions du bureau C'est à Marrakech qu'ils sont les plus discrets », poursuit notre interlocuteur. Dans la métropole économique, la présence des salafistes suit une courbe ascendante : timide lors des marches du 20 mars, elle était forte le 24 avril, les grâces royales du 14 avril ayant boosté leur élan. Au cours de cette manifestation, ils ont défilé séparément des autres groupes du mouvement, avec un bloc exclusivement féminin et un autre masculin. Leur présence intervient à un moment où l'indépendance du Mouvement du 20 février est encore remise en question par certaines parties, les incidents du 8 mai de Fès et Tanger leur ayant donné du grain à moudre. A Casablanca, l'unification des slogans fait partie du passé. L'heure est au rassemblement, chaque groupe tenant à revendiquer sa petite spécificité. A la la marche du 8 mai, par exemple, outre les jeunes du Mouvement du 20 février, il y avait des des membres de Al Adl Wal Ihssane du groupe Baraka, des Amazighs et, bien entendu, des salafistes. Mi-mars, le Forum des alternatives du Maroc a réuni des jeunes du Mouvement du 20 février avec ceux des partis. « Dans le mouvement des jeunes du 20 février, il n' y a pas un seul centre, mais bel et bien plusieurs centres mobiles », apprend-on au Forum. Un fait qui n'est d'ailleurs pas propre à Lahbib, mais partagé par d'autres observateurs de la place. Il est clair que les meneurs de ce mouvement n'ont pas fréquenté la même école politique ou associative. Un handicap majeur pour certains mais considéré comme un avantage par d'autres ; un avantage à même d'enrichir l'expérience encore balbutiante de ces jeunes du 20 février et de faciliter son ouverture à l'autre partie de la jeunesse – la plus nombreuse – qui se proclame apolitique.