Les marches de soutien à la nouvelle Constitution donnent, désormais, la réplique à celles organisées par le Mouvement du 20 février. Les marches du dimanche ne sont plus une exclusivité des partisans du Mouvement du 20 février. Ceux qui ne partagent pas les mêmes objectifs ni les principes des premiers ont trouvé en la nouvelle loi fondamentale une cause qui les rassemble tous. Pour certains, la défense des dispositions du nouveau texte est même devenue une raison d'être. Auparavant, ils se réclamaient comme étant des « jeunes royalistes » ou du « Mouvement du 9 mars ». Dimanche 17 juillet, ils sont encore descendus battre le pavé dans les principales artères de plusieurs villes du royaume. La MAP, citant un décompte définitif établi par des sources locales, a estimé leur nombre à 160.000 personnes. Dans les détails, ils étaient, toujours selon les mêmes sources, 20 000 à Casablanca, 15 000 a Rabat, 12 000 à Tanger, 12 500 à Azilal, 9 000 à Fès, 8 500 à Tinghir, 4 000 à Marrakech, 4 000 à Mohammedia, 3 000 à Taroudant, 3 000 à Tetouan, précise-t-on de mêmes sources. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, une autre dépêche de la même agence estime, comme pour rectifier les premiers éléments, le nombre des partisans de la nouvelle Constitution à quelque 95 000 (…) avant de conclure qu'« aucun incident n'a été signalé lors de ces marches et manifestations». Pour leur part, les composantes du 20 février apportent un son de cloche différent de celui de l'agence officielle. Par des moyens (vidéo sur le web, photos et communiqués), ils ont tenté de battre en brèche la version de la MAP. Elles en veulent pour exemple la ville de Khouribga, scène d'affrontements la semaine dernière entre jeunes sans emploi et les forces de l'ordre (qui a provoqué au passage l'arrêt, pendant quelques jours, de l'activité ferroviaire). La ville a connu dimanche 17 juillet à 19h une marche qui se voulait un prolongement des revendications scandées par les chômeurs. La marche a connu une forte participation, le contexte social y étant favorable. Ses initiateurs ont poussé l'audace jusqu'à changer d'itinéraire et oser défiler devant les sièges de la municipalité et du gouvernorat. Ceux qui ne partagent pas les mêmes objectifs ni les principes des partisans du Mouvement du 20 février, ont trouvé dans la nouvelle loi fondamentale une cause qui les rassemble et une raison d'être. Idem à Tanger qui continue d'être le théâtre du retour en force de vieux procédés qui font encore recette. Dimanche, le centre de Béni Makada, haut lieu de la contestation des Tangérois, a été occupé par des scènes installées, sous la bénédiction des autorités, pour soi-disant abriter des spectacles de musique. En dépit de ce dispositif, les partisans du Mouvement du 20 février ont réussi à marcher. Spécificité locale oblige, les islamistes, comme lors de précédentes manifestations, ont tenu le haut du pavé. Trois factions se disputent le leadership de la mouvance conservatrice dans la capitale du détroit : il s'agit des disciples de Abdeslam Yassine, les salafistes de Mohamd El Fizazi, libéré en avril dernier, et les PJDistes de Abdelilah Benkirane. Contrairement à Tanger, les organisateurs des marches de soutien à la nouvelle Constitution à Rabat ont eu l'ingénieuse idée de faire appel à des religieux et à des Mourides des zaouïas avec l'objectif de renforcer les rangs des contre-manifestants. L'opération a vite tourné court, les « appelés » s'étant rebiffés, estimant qu'ils ont été induits en erreur. Ils croyaient qu'ils allaient réciter des versets coraniques au mausolée Mohammed V et non battre le pavé des principales artères de la capitale. u