La Commission de coordination pour la lutte contre la dégradation des cimetières de Rabat-Salé poursuit son combat pour sauver le cimetière Laâlou. Entretien avec Nezha El Jouhari, la coordinatrice de la commission. Tombes vandalisées, allées jonchées de détritus, insécurité... le cimetière se meurt à petit feu. Vous menez une bataille sans merci depuis deux ans pour sauver le cimetière Laâlou. Où en est cette affaire ? C'est le statu quo. Récemment, nous avons envoyé une lettre au ministère de l'Intérieur, mais nous n'avons reçu aucune réponse encore. Vous menez une bataille sans merci depuis deux ans pour sauver le cimetière Laâlou. Où en est cette affaire ? C'est le statu quo. Récemment, nous avons envoyé une lettre au ministère de l'Intérieur, mais nous n'avons reçu aucune réponse encore. Quelle est la position du ministère des Habous et des Affaires islamiques à ce sujet ? Depuis avril 2009, de nombreux écrits et plaintes ont été adressés aux responsables et élus concernés par ce sujet. Le ministère des Habous nous a répondu à travers la nédara (représentation régionale des Habous, ndlr). Le nader nous a bien reçus et nous a expliqué que c'est le wali qui est responsable du cimetière Laâlou et qu'il devrait assumer ses responsabilités. Il lui a envoyé une lettre à ce propos, sans réponse en retour. Les caïds de l'annexe administrative dont dépend le cimetière n'ont aucun accès à la gestion du budget du cimetière ni aux recettes collectées par la société Arahma, chargée de la gestion déléguée du cimetière. Nous avons également écrit au wali et au président du conseil de la ville de Rabat qui n'ont jamais répondu. Ensuite, nous avons écrit à un parlementaire qui a soulevé le problème lors d'une séance publique au sein du Parlement. Le 25 juillet, les habitants de Rabat-Salé, avec notamment l'appui des enseignants de l'université Mohammed V, l'association AFED, l'AMDH section Rabat, ont organisé un sit- in devant le cimetière. Bien que le wali l'a interdit, les citoyens ont tenu a observé ce sit- in pour dénoncer l'état scandaleux du cimetière : actes de profanation, tombes incendiées, amas d'ordures, un hétéroclisme, entre visiteurs et squatters, de vagabonds, de délinquants, de drogués, d'ivrognes, d'immigrés clandestins,… Un vrai phénomène d'insécurité qui sévit dans ce lieu de jour comme de nuit. Par la suite, nous avons eu plusieurs réunions avec le caïd Oumlih et dernièrement avec la nouvelle Caïdat, Chef du 22e annexe administrative Les Oudayas, mais ils n'ont pas pu trouver une issue à ce problème, puisqu'ils n'ont même pas les moyens de le faire : aucun accès à la gestion du budget du cimetière ni aux recettes collectées par la société Arahma, chargée de la gestion déléguée du cimetière. Il faut que vous sachiez qu'une parcelle du cimetière est réservée aux défunts des familles aisées. Elle bénéficie d'un budget et d'une attention particulière. Elle est toujours propre et bien gardée : un élitisme mal à la fois incongru et flagrant. Est-ce que le cimetière est fermé actuellement ? Non. Comme vous le savez, la gestion des cimetières n'arrive pas à suivre la poussée démographique de plus en plus grande. Pour masquer ce grave problème, des centaines de tombes sont sauvagement saccagées pour accélérer leurs dégradations et pouvoir les réutiliser par la suite. On s'interroge sur le sort des dépouilles déterrées, surtout que certaines de ces tombes sont très récentes (2009). Ce qui se passe au cimetière Laâlou est une atteinte aux droits humains et à la préservation de la mémoire des morts comme le stipulent les conventions internationales des droits humains ratifiées par le Maroc. Que comptez-vous faire si le ministère de l'Intérieur ne réagit pas ? Monsieur le ministre de l'Intérieur est une personne qui se respecte, nous sommes confiants qu'il va réagir positivement par des mesures concrètes répondant à l'appel des citoyens et au droit des morts de reposer en paix dans un cimetière propre et décent. Sinon, nous continuerons notre lutte par tous les moyens légitimes jusqu'à ce que les mesures nécessaires soient prises et que la propreté, la sécurité et le respect des morts soient instaurés de façon sûre et durable dans le cimetière Laâlou et tous les cimetières de Rabat et Salé. Nous n'abandonnerons jamais la cause du cimetière Laâlou, car nous y avons toutes et tous des parents, des proches ou des amis qui ne reposent pas aujourd'hui en paix par la faute de cette négligence et cette mauvaise gestion des responsables et des élus.