La Galerie Shart de Casablanca expose jusqu'au 16 juillet une collection de bijoux et accessoires créée par sept femmes artisanes du Centre hospitalier Noor. Réalisées en collaboration avec l'artiste Amina Aguznay, ces créations invitent à voir le handicap autrement. Des perles et paillettes qui brillent, des créations contemporaines en crochet ou en macramé qui attirent l'œil, des sautoirs élégants et des sacs originaux qui surprennent… bienvenue dans l'atelier des femmes artisanes du Centre hospitalier Noor de rééducation ! Exposée à compter d'aujourd'hui à la Galerie Shart, leur collection présente au grand public les fruits de l'atelier mené pendant un an au centre par l'artiste plasticienne, Amina Agueznay. Les sept femmes artisanes participantes ont été repérées pour leur talent à l'atelier de travaux manuels du service de réadaptation du Centre hospitalier Noor, sous l'œil attentif de Najat El Mazoui, chef d'atelier. Amina Slaoui, vice-présidente de l'Association marocaine des handicapées, a alors contacté l'artiste Amina Agueznay pour lui proposer de mener un atelier de création avec ces mains pleines de talent. « Nous voulions communiquer sur le handicap de manière différente, mettre l'accent sur le savoir-faire de ces femmes. Le handicap, c'est aussi la création, la joie et la vie aussi. L'exposition-vente se tient du 7 au 16 juillet à la Galerie Shart, 12 rue El Jihani, Casablanca. Ces femmes défavorisées peuvent produire des choses très belles », nous explique avec enthousiasme Amina Slaoui, avant de s'exclamer « On en a marre du misérabilisme ! » L'exposition-vente se tient du 7 au 16 juillet à la Galerie Shart, 12 rue El Jihani, Casablanca. Ces femmes défavorisées peuvent produire des choses très belles », nous explique avec enthousiasme Amina Slaoui, avant de s'exclamer « On en a marre du misérabilisme ! » Pendant un an, les femmes artisanes se sont attelées avec patience et persévérance à la réalisation de plus de 80 pièces d'art. L'artiste Amina Agueznay venait voir leur travail régulièrement. « L'objectif était de laisser ces femmes s'exprimer, qu'elles voient ce dont elles sont capables. Le projet était basé sur l'échange et l'écoute », nous raconte l'artiste. Pour les femmes lourdement handicapées, le travail n'a pas été facile, mais l'enthousiasme était au rendez-vous. Aujourd'hui exposée à la Galerie Shart, la collection est proposée à la vente. L'argent collecté leur sera intégralement reversé, leur permettant d'accéder à de meilleures conditions de vie. En parallèle des créations présentées, une vidéo réalisée par Patrick Arnoux, sur une musique de Dj Mood, retrace l'aventure de cet atelier. Une occasion de voir le processus de création, où la bonne humeur et le plaisir des participantes sautent aux yeux. En parallèle, deux jeunes photographes, Kenza Benamour et Hicham Gardaf se sont immergés dans le Centre Noor pour capter le quotidien des patients. En mêlant création de bijoux, photographie et vidéo, ce projet intitulé «Interactions» allie avec intelligence différentes disciplines avec un seul objectif : changer le regard sur le handicap. Amina Slaoui, vice-présidente de l'Association marocaine des handicapés (AMH) « L'Etat doit à présent mettre en place une législation » L'exposition Interactions vise à porter un autre regard sur le handicap. Contre quelle image négative doit lutter l'AMH ? L'image du handicap est très négative. Comme les personnes handicapées ne sont pas réinsérées, elles n'ont parfois pas d'autres moyens de vivre que de mendier. Les personnes se retrouvent alors chômeurs et frustrés car ils n'ont pas la possibilité de vivre dignement. Or, nous sommes handicapées à cause de notre environnement, pas à cause de notre handicap. La rééducation permet ainsi de réinsérer les personnes en situation de handicap. Au delà de la sensibilisation, comment l'AMH agit-elle pour défendre les droits des personnes en situation de handicap ? Cela fait 20 ans qu'on sensibilise. Nous avons mené dernièrement une campagne de communication au ton un peu décalé pour attirer l'attention. Mais aujourd'hui, nous souhaitons insérer les personnes handicapées par des lois. En ce sens, l'inscription de principe de non-discrimination des personnes handicapées dans la Constitution marque un pas en avant… Oui, c'est une victoire pour nous ! La présence du principe de non-discrimination des personnes handicapées dans l'article 34 et dans un alinéa du préambule est une grande première. C'est le résultat d'une bataille que mène depuis des années l'AMH mais aussi le Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap, qui regroupe 280 associations. L'Etat doit à présent mettre en place une législation.