La répression dans les villages près des frontières turque et libanaise se poursuit. Chaque vendredi, des milliers de Syriens défilent pour pleurer leurs morts et dénoncer la violence du régime. A chaque rassemblement, des heurts se produisent avec les forces de l'ordre. Chaque week-end, le boucle de la violence se relance. Le vendredi, des milliers de Syriens se rassemblent pour les funérailles des personnes tuées par la répression. Après plus de trois mois de contestation et autant de violences, les funérailles se transforment en manifestations à l'encontre du régime. Et à chaque fois, les forces de sécurité ouvrent le feu, faisant de nouvelles victimes. Ce vendredi, ce sont ainsi 18 personnes qui ont été tuées par les forces de l'ordre lors d'un rassemblement. Violence contre détermination Malgré le bilan qui ne cesse de s'alourdir, la contestation ne faiblit pas. Le mot d'ordre est déjà donné pour la semaine prochaine sur la page Facebook « The Syrian Revolution 2011 », qui promet un « volcan » de révolte à Alep le 30 juin et des manifestations pour un nouveau « vendredi du défi ». Vers les frontières libanaise et turque, la répression sévit. Samedi, «des centaines d'habitants de Kseir ont fui vers le Liban», raconte à Reuters le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane, basé à Londres. Les forces de sécurité ont renforcé leur présence dans cette zone près de la frontière libanaise, et des tirs ont été entendus vendredi et samedi dans la ville. Selon une ONG, deux civils ont été tuées lors de ces violences. «Les manifestations augmentent dans ces régions et le régime emploie la force pour enrayer leur propagation», a expliqué à Reuters Rami Abdel Rahmen. 15 mars : Début du mouvement : plusieurs centaines de Syriens participent à des manifestations à travers le pays. Près de la frontière jordanienne, Deraa devient le bastion de l'opposition. 30 mars : Premier discours du président Bachar el-Assad qui accuse l'extérieur de complot et qui n'annonce aucun compromis par rapport aux revendications des manifestants. 10 avril : La ville de Banyas, où la contestation s'est étendue, est encerclée par l'armée. La répression sévit à chaque rassemblement. 16 avril : Deuxième discours de Bachar el-Assad qui annonce la levée de l'Etat d'urgence. Le décret est promulgué quelques jours plus tard, mais les manifestations se poursuivent. 25 avril : Deraa est assiégée. L'armée entre dans la ville. 9 mai : La pression internationale s'accentue, avec les premières sanctions de l'Union européenne, qui se verront renforcées le 23 mai. Les Etats-Unis prononcent eux aussi des sanctions le 18 mai. 27 mai : Le corps d'un jeune adolescent de 13 ans, Hamza al Khatib, est retrouvé torturé à mort par les forces de l'ordre. Il devient le symbole de la répression brutale du régime. 31 mai : Loi d'amnistie pour la libération de plusieurs centaines de prisonniers politiques. 2 juin : Rassemblement de l'opposition syrienne en exil à Antalya en Turquie. 20 juin : Troisième discours de Bachar el-Assad qui appelle une nouvelle fois au « dialogue national ». Cette fois, le président syrien évoque la possibilité d'amender la Constitution actuelle, voire de forger une nouvelle Constitution pour le pays. La milice chiite regarde d'un œil inquiet le mouvement de contestation qui agite le pays depuis plus de trois mois. Selon Le Figaro, le Hezbollah, craignant un changement de régime à Damas, serait en train de transférer son matériel militaire au Liban. Et pour cause, c'est par la Syrie que transite l'armement envoyé au Hezbollah par l'Iran. «La milice chiite est très nerveuse actuellement», explique au quotidien un expert occidental, qui suit de près la relation Iran-Syrie-Hezbollah. «Son chef, Hassan Nasrallah, n'a parlé publiquement qu'une seule fois en trois mois de contestation chez son voisin », ajoute-il «Celui-ci tient à faire sortir le maximum de ses armes avant que le régime baasiste tombe». Des «mouvements de camions près de la frontière poreuse entre la Syrie et la plaine de la Bekaa au Liban» ont ainsi été repérés par les services de renseignements. L'ONU a également confirmé l'existence de transferts dans cette zone.