Quatre civils ont été tués et 16 blessés jeudi par les forces de sécurité en Syrie, à la veille de nouvelles manifestations contre le régime qui continue de réprimer la contestation populaire lancée il y a quatre mois. Les forces de l'ordre "ont ouvert le feu sur des manifestants à Deir Ezzor (est) tuant deux d'entre eux", a affirmé Abdel Karim Rihaoui, de la Ligue syrienne des droits de l'Homme. Au moins cinq ont été blessés. "La situation dans la ville est très tendue et les habitants observent une grève générale" à l'appel des militants pro-démocratie, a-t-il poursuivi. A Homs (centre), troisième ville de Syrie, deux civils ont été tués et plus de 11 blessés, dont certains grièvement, par les tirs des forces de sécurité qui utilisent des mitrailleuses lourdes dans certains quartiers, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'ONG a fait état de "tirs nourris dans plusieurs quartiers" de la ville où l'armée a été dépêchée depuis plusieurs semaines pour étouffer la contestation. Dans le même temps, une vaste campagne d'arrestations est menée dans le village Ramié, dans la région de Jabal Zawiya dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), où quatre civils ont péri la veille. De son côté, la télévision publique syrienne a affirmé que des "hommes armés à Hama (nord) ont kidnappé deux membres des forces de l'ordre et un étudiant". Les autorités syriennes attribuant les violences dans le pays à des "gangs terroristes armés". La répression se poursuit à la veille de nouvelles manifestations attendues à travers le pays, comme tous les vendredis depuis le début le 15 mars de la révolte sans précédent contre le régime de Bachar al-Assad qui a accédé au pouvoir en 2000 après le décès de son père, l'ex-président Hafez al-Assad. M. Assad, dont le pouvoir est basé sur le parti unique Baas, a promis des réformes tout en continuant à envoyer ses forces armées mater les contestataires. Après avoir réclamé des réformes drastiques, les opposants et militants pro-démocratie disent maintenant vouloir la chute du régime. Les militants ont appelé sur leur page Facebook "Syrian Revolution 2011", moteur de la contestation, à manifester dans tout le pays en hommage aux "otages de la liberté", les milliers de prisonniers politiques et manifestants détenus dans les prisons syriennes. Il faut manifester "pour la liberté des détenus, pour la dignité des hommes libres", écrivent-ils. Les manifestations ont lieu normalement après la prière hebdomadaire musulmane de midi, à la sortie des mosquées. Face à la répression qui a coûté la vie à plus de 1.415 civils et 352 militaires selon l'OSDH et entraîné l'arrestation de plus de 12.000 personnes et l'exode de milliers d'autres, la communauté internationale ne parvient toujours pas à s'unir pour condamner à l'ONU l'attitude de Bachar al-Assad. Le président français Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois dénoncé l'attitude "absolument inadmissible" de M. Assad mais assuré que "chaque dictateur qui fait couler le sang aura à (en) rendre compte" devant la cour pénale internationale. L'Occident, Etats-Unis et Europe en tête, tente de faire pression pour une action au Conseil de sécurité, mais la Russie, alliée de longue date du pouvoir en Syrie, maintient son opposition à toute ingérence internationale dans ce pays. Au Caire, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a jugé "faibles" les réformes promises par M. Assad, qualifiant d'"intolérable" le coût humain de la répression, en faisant état de "près de 2.000 morts". En raison de l'interdiction faite aux médias étrangers de circuler librement dans le pays, il est très difficile d'obtenir une confirmation indépendante des bilans de morts ou d'arrestations dans le pays.