L'Observatoire marocain des libertés publiques et le Médiateur pour la démocratie et les droits de l'Homme ont présenté, jeudi 16 juin à Rabat, leur rapport sur le décès de Kamal Ammari. Le décès de Kamal Ammari, le 2 juin dernier, serait directement lié à la répression policière dont il a été victime au cours de la marche du 29 mai à Safi. « L'agressivité et la violence injustifiées des agents de police ce jour là sont la cause directe de la détérioration de la santé du jeune homme, qui lui a été fatale », indique le rapport dressé par l'Observatoire marocain des libertés publiques et le Médiateur pour la démocratie et les droits de l'Homme. Présenté, jeudi 16 juin à Rabat, ce rapport est le fruit d'une investigation menée par ces ONG sur le décès de ce jeune manifestant du Mouvement du 20 février. Sur la base de cette première conclusion, les deux associations estiment que la responsabilité locale et générale au niveau de la gestion sécuritaire régionale et nationale est réellement mise en cause. « Le deuxième point que nous voulons souligner, c'est la responsabilité des hôpitaux publics, transformés à l'occasion en commissariats », précise Kamal Lahbib, militant des droits de l'Homme et membre de l'équipe ayant mené l'enquête à Safi. L'enquête pour déterminer les circonstances du décès de Kamal Ammari se poursuit, mais les officiers de la Police judiciaire (PJ) relevant de la Brigade nationale de la police judiciaire présents à Safi depuis quelques jours, se « heurtent à quelques difficultés en raison de la non-collaboration de la famille du défunt ». La famille aurait « refusé de remettre aux enquêteurs un cyclomoteur que le défunt utilisait de son vivant et qui a un lien avec l'enquête », précise une source proche de l'enquête. La famille a prétendu avoir remis le cyclomoteur à d'autres parties « inconnues » qui seraient chargées de l'enquête, alors que les officiers concernés affirment être la seule partie à avoir été chargée de l'enquête par le Parquet général. Pour cette dernière, il est évident que la crainte du défunt de se faire arrêter s'il se présentait à l'hôpital dont les entrées étaient surveillées par la police, reste l'une des causes ayant précipité sa mort. Que les hôpitaux deviennent des commissariats pose « un problème d'ordre éthique et légal à ceux qui en sont à l'origine ». « Les hôpitaux changent leur fonction d'apporter des soins, pour devenir des espaces de terreur et de traque », souligne le rapport. Et de préciser que l'agression de Kamal Ammari n'est aucunement liée à une soi-disant appartenance au mouvement d'Al Adl Wal Ihssane, mais qu'il en a fait l'objet en tant que manifestant participant à la marche du 29 mai. Les enquêteurs, qui saluent la volonté du procureur du roi à Safi de mettre toute la lumière sur cette affaire, ont établi un diagnostic des répressions policières commises au cours de la marche en question. Dans leur rapport, ils estiment que les autorités ont eu recours à l'usage excessif de la violence à l'égard des manifestants, et que des cas d'enlèvement et de séquestration de certains d'entre eux dans des voitures banalisées et non banalisées ont eu lieu. Le Parquet est donc appelé à mener son enquête pour que justice soit rendue. Leïla Hallaoui