"Le Médiateur pour la démocratie et les droits de l'Homme" et "l'Observatoire marocain des libertés publiques" ont appelé à faire toute la lumière sur les circonstances réelles de la mort de Kamal Ammari et déterminer les responsabilités en conséquence. Dans un rapport conjoint, présenté jeudi à Rabat, sur les circonstances de la mort de Kamal Ammari le 2 juin à Safi, les deux organisations ont souligné l'impératif d'ouvrir une enquête approfondie sur "les témoignages de toutes les personnes qui ont été victimes d'agression, de torture, d'enlèvement et de séquestration le 29 mai 2011, en veillant à lancer des poursuites contre les personnes impliquées dans de tels actes". Elles ont appelé à élaborer des mécanismes institutionnels ou parallèles de dialogue national sur le droit de manifester et construire les consensus entre les différentes parties concernées de manière à consolider les acquis en matière de libertés publiques et consacrer leur gestion pacifique, dans le cadre du respect de la loi et de sa bonne application dans toutes les circonstances et tous les cas d'espèce. Elles ont aussi recommandé de mettre en place un mécanisme approprié, aux niveaux central et local, pour le contrôle et la responsabilisation en matière de gestion et de gouvernance locales, et de revoir la politique d'exclusion et de marginalisation dont est victime la ville de Safi, en veillant à accélérer son intégration dans les différents pôles économiques, sur la base de ses atouts et ses ressources naturelles et humaines. S'agissant des résultats de la mission d'enquête, la présidente du "Médiateur pour la démocratie et les droits de l'Homme", Khadija Marouazi, a affirmé que "l'agression et la violence injustifiées dont Kamal Ammari a été victime (...) ont été la cause directe de la détérioration de son état de santé, ce qui a engendré sa mort survenue le jeudi 2 juin". Elle a soutenu que la lenteur des services de santé aux urgences de l'hôpital Mohammed V à Safi soulève, d'une part, les défaillances au niveau des services fournis et des misions initialement dévolues aux urgences, et d'autre part, la nature des équipements et matériels en panne et ce qui en découle en termes d'absence de diagnostic rapide, en particulier pour les cas critiques. De même, a-t-elle noté, cet état de fait pose le problème de l'existence ou non de systèmes de contrôle et de reddition des comptes aux niveaux local et central dans le secteur de la santé. De son côté, Kamal Lahbib, de l'Observatoire marocain des libertés publiques, a particulièrement relevé que les investigations dans la mort de Kamal Ammari s'inscrivent dans le cadre du travail en commun entre les deux instances en matière de protection des droits de l'Homme. Pour les besoins de l'enquête, a-t-il affirmé, plusieurs instances concernées par ce sujet ont été contactées en vue de faciliter le travail de la mission d'enquête (4 au 6 juin), précisant que le rapport élaboré à cet effet comprend tous les événements en relation avec la mort de Kamal Ammari, en plus d'annexes et de témoignages sur ces incidents. Sur la méthodologie de travail, il a souligné que la mission d'enquête a eu recours à l'écoute, de manière individuelle, bilatérale et collective, des différentes parties censées aider, par leurs témoignages, à comprendre ce qui s'est passé.