Kamal Ammari est décédé jeudi dernier à l'hôpital Mohammed V de Safi, des suites de blessures subies lors de l'intervention musclée de la police contre les manifestants du 29 mai. Une autopsie est en cours pour déterminer les causes du décès du jeune homme. Tous des Kamal Ammari ! », criaient les manifestants sortis hier dans différentes régions du Maroc, pour une nouvelle marche à laquelle le Mouvement du 20 février a appelé, il y a une dizaine de jours. A l'image du martyre tunisien Mohamed Bouazizi, Kamal Ammari, décédé le 2 juin à Safi, l'est désormais pour les manifestants marocains qui ont brandi les images de son cadavre tuméfié, dénonçant les violences policières qui auraient été, selon eux, à l'origine du décès. A Safi, la colère a poussé des citoyens, surtout les islamistes d'Al Adl Wal Ihssane, à sortir spontanément et en masse dans les rues le soir même de l'annonce du décès de Kamal Ammari. Tous ont réitéré leur conviction que ce dernier a payé le prix de la répression policière contre la marche du 29 mai, montrant pour preuve les clichés des nombreuses blessures que porte le cadavre. Une thèse très vite démentie par les autorités locales de Safi qui, par l'intermédiaire de la MAP, réfutent ces accusations, les qualifiant de mensongères. Officiellement donc, Kamal Ammari n'est pas décédé des suites de blessures infligées lors de la manifestation de dimanche dernier. « Kamal Ammari est décédé jeudi des suites d'un arrêt cardiorespiratoire, secondaire à une pneumopathie, à l'hôpital Mohammed V de Safi où il avait été admis dans la matinée », précise la source. Mais ce communiqué diffusé par la MAP a fait scandale à Safi. La famille du défunt a tenu à démentir cette thèse officielle dans un bref communiqué, dont Le Soir échos a reçu une copie. La famille y dénonce, avec force, l'agression policière dont Kamal a fait l'objet lors de la marche du 29 mai. Et de souligner que les blessures au niveau des yeux et des genoux, ainsi que le traumatisme crânien constatés sur la victime en témoignent. « Nous assurons que notre fils ne souffrait d'aucune maladie avant ce jour et qu'il était en bonne santé, contrairement aux informations rapportées par la MAP liant le décès à un arrêt cardiaque ». Le procureur général du roi près la cour d'appel de Safi a ordonné l'ouverture d'une enquête et d'entreprendre une autopsie pour déterminer les circonstances exactes du décès. En attendant le rapport des médecins légistes, le Conseil national des droits de l'Homme a dépêché une commission d'investigation et d'enquête à Safi le 2 juin, à l'hôpital Mohammed V. Dans un communiqué, il explique que sa démarche s'inscrit dans le cadre de l'exercice des prérogatives et des missions du Conseil comme stipulées dans le dahir portant la création du CNDH. Les associations Al Wassit pour la démocratie et les droits de l'Homme et l'Observatoire marocain des libertés publiques ont également annoncé, le 3 juin, qu'ils mèneront leur enquête à Safi pour éclairer l'opinion publique. Mais rien n'enlèvera à Kamal Ammari le symbole du martyre qu'il est devenu pour le Mouvement du 20 février. Leïla Hallaoui