Le rapport sur l'autopsie de Kamal Ammari a été rendu public hier, alors qu'une enquête devant déterminer les circonstances du décès est en cours. Pour Al Adl Wal Ihssane, les conclusions des légistes compliquent la situation. Une pneumopathie (infection des poumons, ndlr) extensive avec anoxie (diminution d'oxygène, ndlr) cérébrale ». Voilà, en termes médicaux, ce qui a officiellement provoqué le décès de Kamal Ammari, d'après les conclusions des trois médecins légistes, rendues publiques hier matin. Suite au décès de ce jeune Safiot, le 2 juin à l'hôpital Mohammed V de Safi, sa famille, mais aussi la Jamaâ islamia d'Al Adl Wal Ihssane, dont la victime faisait partie, ont imputé la responsabilité de cette tragédie aux autorités. Les conclusions du rapport laissent entendre que le décès de la victime est tout simplement dû au retard de prise en charge, notamment pour des soins précoces. Des manifestants du Mouvement du 20 février ont crié au scandale, rappelant que Kamal Ammari avait été tabassé par la police le 29 mai à Safi. Réaction prompte des autorités, rejetant ces accusations « mensongères », pour avancer la thèse du décès par crise cardiaque. Simple négligence Les légistes ne le confirment pas, mais ce lien de cause à effet, tant recherché par la foule en colère, n'a pas été approuvé non plus. Le procureur général du roi près la cour d'appel de Safi relève, dans le rapport de l'autopsie, que la pneumopathie de la victime « a aggravé les effets d'un traumatisme thoracique, non compliqué et habituellement bénin, et a entraîné la mort en l'absence d'un traitement précoce et adéquat ». Le parquet général a donc annoncé, dans un communiqué publié par la MAP, qu'une brigade nationale de la police judiciaire a été chargée de diligenter « une enquête exhaustive et approfondie, pour déterminer les circonstances du décès ». En attendant d'éclairer l'opinion publique, les conclusions du rapport laissent entendre que le décès de la victime est tout simplement dû au retard de prise en charge, notamment pour des soins précoces. Toutefois, les militants des droits de l'Homme préfèrent se focaliser sur la nature même des blessures, autrement dit, le traumatisme thoracique et les fractures constatées sur le corps du défunt. Ce qui, à leurs yeux, prouvent l'agression violente dont Kamal a fait l'objet. A en croire la coordination du Mouvement du 20 février à Safi, citée par le portail goud.ma, la victime a été « violemment frappée par sept agents de la force publique, pendant cinq minutes d'affilée ». Pour Al Adl Wal Ihssane – toujours selon le même portail d'information – les conclusions des légistes risquent de compliquer encore plus la situation, puisqu'elles impute aussi la responsabilité à la « négligence médicale ». Et de se demander qui des deux ( de l'Hôpital Mohammed V de Safi ou du médecin chez qui la victime s'est rendue le 31 mai) devra en répondre. Il est certain que la Jamaâ du cheikh Yassine réagira pour faire entendre sa voix à l'opinion publique. L'enterrement du jeune Ammari, le 4 juin en début d'après-midi, avait réuni des dizaines de milliers de personnes criant haut et fort : « Le martyr a laissé un testament… Ne jamais abandonner notre cause ! ». Partis politiques de gauche et différentes associations se sont joints au cortège funèbre aux côtés des islamistes venus en masse. En attendant les conclusions de la brigade nationale de la PJ, les manifestants et membres du Mouvement du 20 février resteront dans l'expectative, à la recherche d'un soulagement peu probable. Les médias internationaux (français, espagnols et américains) suivent de très près les manifestations du Mouvement, en relayant au monde entier l'escalade inouïe de la violence policière constatée, notamment les 22 et 29 mai. Libération (France), par exemple, a publié un grand reportage détaillant les répressions qui n'épargnent personne, y compris la presse. L'image du Maroc est encore à soigner…