La Cour suprême du Brésil a rejeté mercredi la demande d'extradition italienne visant l'ancien militant d'extrême gauche Cesare Battisti. Une décision qui indigne l'Italie. Rome est décidé à saisir la justice internationale. Cesare Battisti, 56 ans, connu pour être un important activiste d'extrême gauche italien pendant les années de plomb, a finalement quitté la prison de Brasilia où il était incarcéré depuis plus de quatre ans. Il pourra dorénavant circuler librement au pays de la Samba. L'Italie, indignée par ses hommes politiques de droite comme de gauche, a immédiatement réagi à cette annonce. Elle accuse Brasilia de ne pas avoir respecté les accords internationaux et a décidé de saisir la Cour internationale de justice (CIJ), organe des Nations unies basé à La Haye, pour faire réviser cette décision, a annoncé le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. Les regrets de Berlusconi Silvio Berlusconi a dit « regretter vivement » la décision brésilienne, qui était attendue; la Cour suprême n'ayant fait que confirmer l'avis de l'ancien président Luiz Ignacio Lula da Silva, le 31 décembre dernier, au dernier jour de son second mandat, qui était de libérer Battisti. « La décision ne tient pas compte des attentes légitimes du peuple italien et en particulier des familles des victimes de Battisti », a regretté Silvio Berlusconi. Le président italien Giorgio Napolitano est allé plus loin, accusant le Brésil d'avoir « gravement porté atteinte » aux accords conclus entre les deux pays, de même qu'« aux raisons de la lutte menée contre le terrorisme en Italie pour la défense de la liberté et des institutions démocratiques ». « Je pense que l'affaire Battisti est maintenant terminée», a déclaré l'avocat de Battisti sur France Info mercredi matin. « Il faut certainement, à ce stade du dossier, avoir une pensée pour les victimes et les familles des victimes de cette époque en Italie, qui se sentent sans doute meurtries pas cette décision », a-t-il ajouté. « Mais il ne faut pas oublier que Battisti a clamé son innocence après avoir été condamné en Italie par contumace, pendant une période d'exception, par des juges d'exception, dans le cadre de lois d'exception », a encore dit l'avocat. Cesare Battisti a été condamné à la réclusion à perpétuité pour son implication dans quatre homicides en 1978 et 1979, durant la période de violence politique des années 1970 en Italie connue comme « les années de plomb ». Ancien membre des Prolétaires armés pour le communisme (PAC), un groupe de guérilla urbaine, il s'est évadé de prison en 1981 et a vécu en France jusqu'en 2004, avant de s'enfuir au Brésil lorsque la justice française a donné son feu vert à son extradition. Il avait été arrêté en mars 2007 au Brésil. Il est par ailleurs auteur de romans policiers, parus durant son séjour en France. S.L. (avec agences)