P lus de 20 ans après sa fuite des prisons italiennes, Cesare Battisti pourrait bien se retrouver dans ces mêmes geôles. L'un des activistes d'extrême gauche les plus recherchés, condamné en 1990 à la prison à perpétuité par contumace pour le meurtre de quatre personnes, a été arrêté à Rio de Janeiro au Brésil dimanche. La police italienne a pu réaliser cette opération avec l'aide des Français. Elle attend désormais l'accord du Brésil pour une extradition en direction de l'Italie. Une femme permet l'arrestation Coupable de quatre meurtres commis dans les années 70 pour la justice italienne, victime pour les autres, Cesare Battisti risque bien d'être rapidement renvoyé dans son pays natal. Après trois ans d'une ultime cavale, l'ancien activiste d'extrême gauche, membre des "Prolétaires armés pour le communisme" a été arrêté dimanche (18 mars) à Rio de Janeiro. Cette opération est le fruit d'une collaboration entre les polices française, italienne et brésilienne. Ce que le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a confirmé dimanche. En fuite depuis août 2004, Cesare Battisti a été retrouvé par l'intermédiaire d'une jeune femme, Lucie, venue lui apporter de l'argent. Grâce à des écoutes téléphoniques des proches du fugitif, les Français savent qu'une militante doit se rendre au Brésil pour le rejoindre. Une première opération est montée pour arrêter l'un des activistes d'extrême gauche les plus recherchés par l'Italie. Elle échoue. Une seconde s'organise, un succès cette fois-ci. La jeune femme appartient au comité de soutien de Cesare Battisti. C'est sous son nom de jeune fille qu'elle s'envole samedi pour Rio. Elle ne se doute pas qu'à quelques sièges de là, dans le même avion, deux inspecteurs français d'Interpol la suivent et la surveillent. La suite est alors un jeu d'enfant : Lucie prend un taxi qui la dépose près de la plage de Copacabana, avenue Atlantica, sur le Front de Mer. Quelques minutes plus tard, une silhouette en chemise rouge la rejoint, C'est bien Cesare Battisti. Il se laisse arrêter sans résistance. Bientôt l'extradition vers l'Italie ? Les autorités italiennes ont aussitôt lancé une procédure de demande d'extradition auprès du Brésil. D'ici deux à six mois, Cesare Battisti, aujourd'hui âgé de 52 ans, risque donc de se retrouver dans les prisons italiennes d'où il avait fui 25 ans plus tôt. Figure de l'Italie des "années de plomb", le militant aurait été mêlé à quatre homicides commis en 1978 et 1979. Coupables pour deux d'entre eux, il serait complice pour les deux autres. Les victimes étaient un bijoutier, un gardien de prison, un agent des services secrets et un militant d'extrême droite. Mais Cesare Battisti nie sa participation à ces meurtres. Arrêté, il s'évade en 1981 de sa prison italienne en 1981. Après le Mexique, il s'installe en France où François Mitterrand demande que les anciens militants italiens ayant rompu avec la lutte armée ne soient pas extradés. En 1990, l'Italien a en effet été condamné à la perpétuité par contumace et sa patrie réclame son extradition. En vain jusqu'en 2004. Une nouvelle demande italienne réussit, Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin signe lui-même, le 23 octobre 2004, le décret d'extradition. Celui qui était devenu auteur de romans policiers, reprend sa cavale en août 2004. Cette même année, le cas de Cesare Battisti suscite la mobilisation de plusieurs intellectuels et artistes français. La romancière Fred Vargas et le philosophe Bernard-Henri Lévy notamment prennent la défense de Cesare Battisti. Lui s'est défendu dans "Ma Cavale" publié au printemps dernier.