La nouvelle augmentation des salaires du personnel de l'administration publique, du SMIG et du SMAG dans le secteur privé, ne se fera pas sans influencer l'économie du pays. Le HCP livre les grandes lignes de sa simulation d'impact. Pouvoir d'achat ou budget de l'Etat ? L'augmentation des salaires du personnel de l'administration publique, à partir du 1er mai 2011, et celle du SMIG et du SMAG en deux tranches successives à partir du 1er juillet 2011 et du 1er juillet 2012, devraient avoir différents effets sur les agrégats macro-économiques du pays. Selon les résultats d'une simulation des effets de ces futures augmentations, le revenu, le pouvoir d'achat et la consommation des ménages, devraient globalement s'améliorer, à l'encontre de l'investissement, de l'emploi, de la croissance, du solde du budget de l'Etat et de la balance commerciale, qui devraient être négativement affectés. En effet, les revenus des ménages s'accroîtraient progressivement, partant de 1,64 % en 2011 pour atteindre 6 % en 2015. La consommation, elle, afficherait la même tendance à la hausse de 1,01 % en 2011 à 1,86 % en 2015, avec un pic de 2,01 % en 2013. Pour ce qui est des prix, ils connaîtraient une hausse de 0,52 % en 2011, pour atteindre 3,97 % dans quatre ans. La croissance du PIB devrait passer de 0,29 % aujourd'hui à 0,27 % l'année prochaine, avec un manque à gagner à partir de 2013 de 0,12 %, atteignant 0,97 % en 2015. L'effet de l'augmentation des salaires, dans ces deux catégories public et privé, se traduiraient également par une baisse de croissance de l'investissement, allant de 0,88 % en 2013 à 3,07 % en 2015. Ajoutons à cela la perte continue d'emploi de 15 940 en 2013 à 96 890 en 2015. Toujours selon le HCP, l'effet des deux augmentations « favoriserait les importations et conduirait à une dégradation de la balance commerciale de 0,46 % en 2011 à 0,64 % en 2015, avec un pic de 0,85 % en 2013. » L'équilibre budgétaire, quant à lui, enregistrerait un supplément de déficit de l'ordre de 0,32 % en 2011 et de 0,22 % en 2012, avant de connaître une amélioration à partir de 2013, de 0,10 %, atteignant 1,03 % en 2015. Par catégorie et concernant le secteur public, la note du HCP estime que l'augmentation des salaires pour cette tranche de la population active améliorerait le revenu des ménages dont la demande devrait relancer l'activité économique. Cela dit, les revenus s'amélioreraient progressivement de 0,98 % en 2011 à 1,51 % en 2015, induisant une relance de la demande intérieure, qui s'accompagnerait d'un surplus de croissance de 0,33 % par an en moyenne. En revanche, les équilibres macro-économiques interne et externe seraient détériorés sous l'effet de la hausse de la demande domestique. Cette dernière aurait un effet multiplicateur en faveur des importations, accentuant le déficit commercial, qui atteindrait 0,63 % du PIB en 2013. Le déficit budgétaire, dû à la hausse de salaires des fonctionnaires s'accentuerait, pour atteindre 0,51 % en 2012. Du côté du secteur privé, l'augmentation du SMIG et du SMAG induirait une hausse des coûts de production, réduisant ainsi les capacités d'offre des entreprises. Cela dit, elle provoquerait une hausse des prix à la production et une réduction du taux de marge bénéficiaire. Les entreprises seront moins compétitives, tant sur le marché domestique que sur le marché extérieur. Les importations connaîtraient une hausse par rapport au exportations, respectivement de 0,20 % en 2011 contre 0,51 % en 2013, et de 0,11 % en 2011 contre 1 % en 2015. Les prix à la consommation devraient être affectés et connaître une hausse croissante de 0,42 % en 2011 à 3,56 % en 2015. Le manque à gagner en termes de croissance économique serait de l'ordre de 0,13 % l'an prochain pour atteindre 1,26 % dans quatre ans. Finalement, à l'horizon 2015, la perte d'emploi enregistrerait 116 050 postes, contre 1 500 en 2011. Ilham Mountaj