Investi, le nouveau chef d'Etat,en rassembleur, a promis un gouvernement d'union nationale. Investi, le nouveau chef d'Etat,en rassembleur, a promis un gouvernement d'union nationale. La cérémonie d'investiture du président ivoirien, Alassane Ouattara, a tenu toutes ses promesses. Devant une kyrielle d'invités de marque dont des chefs d'Etat et de hauts responsables des institutions internationales, le nouveau président de la Côte d'Ivoire a symboliquement pris les rênes de son pays, déchiré par une crise post-électorale qui a fait quelque 3 000 morts en quatre mois : « Ce n'est pas la victoire d'un camp contre un autre », a-t-il rassuré lors de son allocution. Même si la Côte d'Ivoire reprend du poil de la bête sur le plan économique, il n'en demeure pas moins que le pays reste encore profondément divisé. « Nous allons nous rassembler, nous devons nous rassembler », a lancé Alassane Ouattara à la foule venue par milliers le soutenir à Yamoussoukro, la capitale. Mais le président a encore fort à faire. De la réconciliation nationale à la réforme de l'armée, les chantiers du chef de l'Etat sont nombreux. Pour montrer l'exemple aux Ivoiriens, il a invité une délégation du Front Populaire Ivoirien(FPI), le parti de Laurent Gbagbo, à sa cérémonie d'investiture : « Que chacun fasse l'effort d'aller vers l'autre. Vous devez redevenir des frères et ne plus vous combattre », a-t-il martelé. Depuis son entrée en fonction au lendemain de l'arrestation du président déchu Laurent Gbagbo, le nouvel homme fort de Côte d'Ivoire s'emploie à créer les conditions sine qua non à une paix durable. Il a, ainsi, payé les arriérés des fonctionnaires qui étaient restés des mois sans salaire. Il a aussi ordonné la réouverture des banques pour permettre aux Ivoiriens de reprendre une vie normale après quatre mois de violents combats et de tueries. Le port d'Abidjan a retrouvé son trafic habituel et l'exportation du cacao a repris. Un mois après son entrée en fonction, Alassane Ouattara peut déjà se targuer d'être sur le bon chemin même si la route est encore longue et certainement épineuse. « Nous allons nous rassembler, nous devons nous rassembler». Allasane Ouattara, président ivoirien. Dans un entretien accordé à RFI dimanche, le chef d'Etat a dit souhaiter confier la formation du nouveau gouvernement d'union à son actuel premier ministre,Guillaume Soro. Il a aussi fait savoir qu'il était en contact avec certains cadres modérés du FPI pour qu'ils intègrent le nouveau gouvernement. Selon un observateur qui a requis l'anonymat, « Pas plus de 20 % des forces jadis loyales à Laurent Gbagbo sont revenues au travail ». Dans l'administration publique aussi, le constat est presque identique. Comment redonner confiance à ces milliers d'Ivoiriens qui se sentent toujours en danger dans leur propre pays ? C'est le casse-tête du nouveau chef d'Etat. Des centaines de milliers de personnes qui s'étaient réfugiées au Libéria ou dans des camps pendant la crise, refusent de rentrer chez elles. Toutefois, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, qui était aussi présent à la cérémonie d'investiture, a promis toute l'aide de son institution pour le respect des droits de l'homme. Concernant Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a laissé entendre qu'il souhaite que le président déchu soit jugé par la justice ivoirienne et aussi par la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre. Cependant, certains dénoncent déjà la manœuvre du nouveau président. Ils prétendent que le chef d'Etat veut influencer la justice car c'est à la elle de retenir des charges contre Laurent Gbagbo. S.R.A.