La problématique des erreurs médicales prend de l'ampleur. Les victimes viennent de créer une association pour faire valoir leurs droits. Entretien avec son président Mohamed Himdi. Vous venez de créer l'association marocaine des victimes d'erreurs médicales. Comment comptez-vous défendre leurs intérêts ? Il faut noter que les fondateurs de cette association sont eux-mêmes des victimes d'erreurs médicales. Notre ONG a pour but de mettre en contact les personnes concernées pour qu'elles puissent échanger leurs expériences. C'est un point très important, car chaque victime souffre seule dans son coin. Elle est obligée à un parcours du combattant pour faire valoir ses droits. Si pour certains le tribunal a rendu justice, pour d'autres la bataille se poursuit sans résultat pour plusieurs raisons comme la problématique des procédures pénale et civile, et celle de la preuve de l'erreur médicale sans laquelle la victime ne peut avoir droit à une indemnisation du préjudice subi. Sans oublier la question de l'accès au dossier médical. Il existe un grand vide juridique à ce sujet. L'association veut jouer un grand rôle pour faire changer les choses. Nous voulons être une force de propositions en nous inspirant des expériences internationales notamment françaises. Notre principale mission est de soutenir, d'éclairer les victimes et de les aider à faire valoir leurs droits. Notre ONG vise à fournir un soutien juridique et moral aux victimes d'erreurs médicales et à leurs familles. A combien évaluez-vous le nombre des victimes d'erreurs médicales au Maroc ? Les affaires pour erreur médicale déposées devant les tribunaux sont en hausse chaque année. A titre d'exemple, l'association compte actuellement 20 adhérents qui en ont été victimes. Nous n'avons pas de chiffres sur ce phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur au Maroc, malheureusement aucune étude statistique n'a été faite pour l'évaluer. Notre association ambitionne de créer un observatoire national qui aura pour mission de réaliser ces études statistiques afin de connaître notamment le nombre des victimes, les types d'erreurs médicales, les sentences prononcées dans les tribunaux…. et pour mesurer l'impact de ces erreurs. Ces études nous permettront également de savoir dans quel secteur de la santé, public ou privé, les erreurs médicales sont le plus fréquentes. Tous ces éléments permettront aux parties concernées, le ministère de la Santé en premier lieu, de définir les mesures à prendre pour lutter contre ce phénomène. Le centre d'écoute que vous avez annoncé lors de l'assemblée constitutive est-il opérationnel ? L'assemblée constitutive de l'association a eu lieu il y a à peine quelques jours. Le centre d'écoute est un projet ambitieux que nous voulons mettre en place pour aider les victimes. Pour le moment, c'est difficile de concrétiser ce projet, faute de moyens financiers. Mais l'association cherchera des bailleurs de fonds pour ce projet. Prévoyez-vous une campagne de communication pour faire connaître votre association au grand public ? C'est difficile avec les moyens dont on dispose de mener une campagne de communication à grande échelle. A u début, nous allons organiser des rencontres, des séminaires et tables rondes au sujet de la problématique des erreurs médicales. On invitera les différentes parties concernées par cette problématique pour en débattre. Avez-vous approché des départements ministériels ou ONG internationales pour vous soutenir dans votre cause ? Pas encore. Notre plan d'action prévoit d'approcher le ministère de la Santé, le conseil national de l'Ordre des médecins et les conseils régionaux ainsi que les syndicats représentant les médecins. Nous allons également cibler les associations œuvrant dans le domaine de la santé. Concernant les ONG internationales, nous avons décidé de conclure des partenariats avec des associations œuvrant dans le domaine de la défense des victimes d'erreurs médicales au Canada et en France.