Mohamed Hamdi explique les raisons et les objectifs de la création de l'association. ALM : Comment est née votre association ? Notre association a été créée le dimanche 30 janvier à Salé. Elle est la première du genre au Maroc et je dirai même dans le monde arabe. L'association regroupe des personnes qui ont été victimes d'erreurs médicales dont moi-même en fais partie. Ma défunte épouse a été victime d'une erreur médicale qui lui a coûté la vie. Tout a commencé en 2005. Âgée de 26 ans, elle devait accouché d'un second enfant. L'accouchement a très mal tourné. Lors de l'anesthésie, elle a subi un arrêt cardiaque de 15 minutes. Le plus terrible est que l'hôpital ne disposait pas de service de réanimation. Elle a alors été transportée à la maternité Souissi de Rabat. Suite à cette erreur, ma femme était dans un état végétatif ( perte brutale de la conscience), proche du coma pendant deux ans. Elle est morte le 19 mais 2007. J'ai entamé une poursuite judiciaire contre l'hôpital devant le tribunal de première instance. Depuis 2008, le dossier est bloqué car le rapport n'a toujours pas été remis au Procureur du Roi. Quels en sont les objectifs ? Nous souhaitons créer un observatoire national et un centre d'écoute pour les victimes. La création de cette association constitue une structure qui permettra d'aider les victimes et leurs familles en leur fournissant un soutien juridique et moral. Cette structure tente de répondre aux multiples appels des victimes pour qui la justice n'a toujours pas été rendue. Elle constitue une «force de proposition». Il est question pour nous de contribuer à l'harmonisation et à l'adaptation des dispositions juridiques et organisationnelles relatives à l'exercice de la médecine avec les législations en vigueur au niveau international. Quelle est l'ampleur du phénomène au Maroc? L'ampleur du phénomène est très mal connue. Il n'existe au Maroc aucune statistique officielle sur le nombre de victimes ou de décès suite à des erreurs médicales. Il faut aussi relever que beaucoup de dossiers sont en suspens parce qu'il est difficile de prouver l'erreur médical. Le conseil de l'Ordre des médecins se donne également le droit de sanctionner les auteurs d'erreurs médicales. Cela dit, il est difficile pour lui d'inculper ses confrères. Le conseil n'est pas impartial dans ses jugements.