Souad Begdouri, veuve de Maître Khammal et mère de Taïeb Khammal, tous les deux décédés dans les attentats terroristes de Casablanca, aborde les raisons qui sont derrière la création de l'association des familles des victimes du 16 mai. ALM : Où en est la constitution de l'Association des familles des victimes des attentats du 16 mai et comment sera-t-elle appelée exactement ? Souad Begdouri : En fait, il faut tout d'abord préciser que ce projet est toujours au stade de l'idée. Rien de concret n'a été réalisé jusqu'à présent. C'est une précision qu'il faut absolument apporter. En outre, cette idée de créer une association ne vient pas de moi, mais de l'ensemble des proches des victimes des attentats terroristes du 16 mai. Chacune des familles a perdu un membre ou plusieurs membres. Moi j'en ai perdu deux: mon mari et mon fils. Compte tenu de mon court passage dans l'observatoire contre le terrorisme, les autres familles m'ont demandé de lancer la procédure de création de cette association. C'est ce que je vais m'atteler à faire dès ce lundi. Des amis de mon défunt mari, qui était avocat, vont m'aider à mener à bien toute la procédure administrative. Mais quel est le but de cette Association? Notre but premier est, bien sûr, d'éviter que notre tragédie ne soit oubliée par les Marocains. Des veuves et des orphelins souffrent toujours des attentats du 16 mai. Ils ont perdu des êtres chers que rien ni personne ne pourra remplacer. En outre, nous voulons parler d'une seule et même voix. L'association sera un interlocuteur unique pour les autorités. D'ailleurs, à plusieurs reprises, certains responsables nous ont conseillé de créer une structure dans laquelle toutes les familles des victimes seraient représentées. L'association sera-t-elle ouverte à d'autres personnes comme des sympathisants par exemple ? Non, le principe est clair. Nous voulons créer une association qui s'intéressera à l'éducation de nos enfants, aux maladies dont souffrent certains proches de victimes, aux problèmes d'héritage, etc. Ce ne sera pas possible d'y accueillir d'autres personnes. Notre position est à ce titre très claire. Nous ne voulons pas que notre association à caractère purement social devienne avec le temps une plate-forme partisane pour tel ou tel courant politique. Vous êtes également membres de l'Observatoire contre le terrorisme. Quelle est votre action dans cette ONG ? Je tiens à préciser que j'ai gelé mes activités dans l'Observatoire. Je n'assiste plus, depuis longtemps, à ses réunions. Je pense que les objectifs de cette association ne sont pas compatibles avec ma vision. A savoir d'une veuve, d'une mère qui souhaite élever son enfant dans la dignité. A part le don Royal de 50.000 DH, qu'avez vous touché comme indemnité ? Le don Royal est la seule aide que nous avons reçue jusqu'à présent. Sur ce point, je tiens à éviter toute polémique. Je n'aurai personnellement pas abordé ce sujet avec vous, si vous n'aviez pas posé la question. Notre but n'est pas de récolter de l'argent. Je vous ai dit que les personnes que nous avons perdues ne sont pas remplaçables. Leur importance n'est pas monnayable. Et le vide que leur disparition a provoqué pour toutes les familles ne peut jamais être comblé par de l'argent. Nous faisons confiance dans nos responsables. La pension qui nous a été promise par les autorités nous sera délivrée. J'en suis convaincue. Comment vivent vos familles, maintenant ? Nous survivons. Nous essayons de conserver à nos enfants le même environnement scolaire. Cela coûte excessivement cher. Mais dans de nombreux cas, sinon tous, la solidarité familiale joue heureusement beaucoup.