Le Bureau international du travail (BIT) dévoile les derniers chiffres sur l'évolution des travailleurs pauvres dans le monde. En dix ans, leur effectif n'a pas bougé d'un iota en Afrique du Nord. De 20 millions d'individus en 1998, les travailleurs pauvres sont passés, en Afrique du Nord, à 20 millions ! Le Bureau international du travail (BIT) n'a donc relevé aucune évolution quant à cette proportion de travailleurs. Surprenant, puisque ce sont les moins bien lotis ! En effet, un travailleur pauvre est un individu qui exerce un travail, à temps plein ou partiel, mais dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté, soit 2 dollars par jour et par ménage. Ce nombre a diminué d'un tiers dans le monde, et ce sur une période de dix ans. D'autres régions sont encore plus plaindre que l'Afrique du Nord. L'Asie du Sud et l'Afrique subsaharienne font dans la chute libre, avec une augmentation de 14,3% de travailleurs pauvres pour l'une, et de 27,1% pour l'autre. 2011, pas tendre avec les PVD Et la dernière étude publiée le 25 janvier dernier par le BIT n'envisage rien de bon pour cette population. En particulier pour les travailleurs pauvres des pays en voie de de développement. Ainsi, l'étude «Tendances mondiales de l'emploi 2011 : le défi d'une reprise de l'emploi», si elle prévoit une hausse de l'emploi dans ces pays, envisage également «un nombre toujours élevé de travailleurs pauvres et de travailleurs occupant un emploi vulnérable». Les causes de ce phénomène sont certes à chercher du côté des niveaux de salaires insuffisants, mais pas uniquement. L'Observatoire des inégalités, organisme indépendant d'information et d'analyse sur les inégalités, évoque d'autres raisons. Le temps partiel, l'alternance d'emplois et de chômage, l'intérim de courte durée peuvent aussi déboucher sur des revenus salariaux inférieurs au seuil de pauvreté en moyenne sur l'année. υ Moralement inconcevable Travailleur et pauvre… Deux concepts a priori contradictoires. Leur rencontre ne peut être qu'immorale, le travail permettant par définition d'apporter un moyen de subsistance aux individus. Et pourtant… Née aux Etats-Unis dans les années 60, la question des «poor workers»(travailleurs pauvres) y devient un thème central dans les années 80 dans un contexte économique de récession. Puis le terme s'est propagé dans les autres pays, qui ont commencé à mettre en place des aides sociales.