Réda Taoujni: «La machine officielle n'a pas laissé d'échappatoire au cas où Mustpha Salma revienne sur ses propos sous la menace ou le résultat d'un compromis avec le Polisario ou l'Algérie». Les promesses faites, au lendemain de l'arrestation de Ould Salma, par des membres de la direction du Polisario à Amnesty International de le juger dans «les prochains 12 jours», se sont avérées de purs mensonges. (Suite de la Une) mohamed jaabouk Chose qui ne pourrait qu'allonger un peu plus la liste des pays qui s'abstiennent de voter la résolution de la 4e commission à l'assemblée générale de l'ONU. En somme, un point dans l'escarcelle du royaume. L'homme est toujours en captivité. Entre -temps, la pression du Maroc ne faiblit pas. La machine officielle accorde une priorité à ce dossier. Pour une fois, la diplomatie marocaine joue sur le terrain des droits de l'Homme, longtemps le précarré du Polisario et des Algériens. Les messages au Haut commissariat aux réfugiés, au secrétaire général de l'ONU et à l'Union européenne, sont au centre de la démarche de Rabat. Une démarche soutenue par les ONGs des droits de l'Homme marocaines, bien que sur ce registre les appréciations divergent d'une association à l'autre. La relation avec le pouvoir et le Polisario est un facteur déterminant dans la teneur des propos des uns et des autres au moment de commenter l'enlèvement de Mustapha Salma, l'inspecteur général du Polisario. Un acte qui tombe à point nommé pour le Maroc pour remettre en selle sa demande aux HCR de recenser la population de Tindouf. Chose que l'Algérie et le Polisario rejettent catégoriquement. Il faut rappeler qu'en septembre 2009, Antonio Guterres, Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, a présenté cette requête avec toujours la même réponse: le refus. «Sur ce dossier, on est en train de se faire avoir», souligne Réda Taoujni, président de l'association Sahara marocain. Un son de cloche complètement à l'opposé de ce qui s'exprime dans les médias officiels. Pour cet acteur associatif, les multiples manifestations en faveur de Mustapha Selma sont «des provocations gratuites» qui dénotent «l'absence de stratégie» des officiels marocains. Contraitrement au cas de Aminatou Haïdar, «l'affaire Mustapha Salma a été mal préparée». Notre interlocuteur soulève des interrogations sur le choix du trajet pris par Mustapha Selma pour regagner les camps de Tindouf. «Il était préférable pour lui de remonter la Mauritanie par le Nord et rentrer directement en territoire algérien. Son enlèvement aurait alors été effectué en territoire algérien et non à Mhiriz, un territoire marocain que squate le Polisario». «Mustapha Salma a-t-il été piégé?», s'interroge notre interlocuteur. Et d'ajouter qu'il «aurait été préférable que Ould Selma ait été accompagné par un bouclier humain de 200 ou 300 personnes composé de militants des droits de l'Homme, des membres des tribus sahraouies et de journalistes, ce qui aurait rendu son enlèvement par le Polisario, comme une tâche difficile». Et si le Polisario jugeait Ould Selma à Tifarity? Notre interlocuteur croit que le procès de Ould Selma pourrait débuter dans les prochains jours. «Si le Polisario le juge à Tifarity, ce serait alors un revers pour le Maroc». Le XII dernier congrès du Polisario a été justement organisé dans cette localité «zone tampon» pour le Maroc, «territoire libéré» du côté du Polisario. Ce qui est le même cas pour Mhiriz. Dans l'affaire Ould Selma, Taoujni relève que «la machine officielle n'a pas laissé d'échapatoire au cas où Mustpha Selma revienne sur ses propos sous la menace ou d'un compromis avec le Polisario ou l'Algérie». Et de conclure que sur la question du Sahara «on a pas droit à l'erreur ni au bricoloage».