Je ne suis pas un footeux, le foot, je m'en fous un petit peu, et je me fous même souvent de tous ces amoureux fous de ce sport qui sont prêts à tout pour avoir leur dose de ce jeu. Pourtant, je suis bien malheureux pour eux. J'ai appris incidemment qu'il y avait des risques très forts pour qu'ils ne voient pas les matchs la Coupe du monde de cette année. Comme je les plains ! Vraiment, je compatis. Les pauvres ! Mais, que vont-ils devenir ? Que vont-ils faire ? Je n'ai jamais eu ce type de problème et je n'ai jamais vécu cette situation, mais je crois que ça va être dur pour eux. Certains ignorants comme moi (avant qu'on ne m'explique) pourraient rétorquer qu'après tout, le Maroc n'étant pas présent en Afrique du Sud, l'intérêt et l'attrait en seront forcément diminués. D'abord, je leur signale – en fait, c'est ce qu'on m'a gentiment expliqué – que ce n'est pas là le problème, puisque la sélection nationale de foot n'a pas mis les pieds dans une Coupe du monde depuis belle lurette. Ça n'a pas jamais empêché des millions de nos concitoyens fous furieux de s'enflammer pour des équipes venant de pays aussi étrangers qu'étranges, pour le seul plaisir de les voir se chamailler pour un ballon qui tourne plus ou moins rond. Pourquoi ? Je n'en sais rien et je ne veux même pas le savoir. Il paraît, c'est du moins ce qu'on a essayé de me faire comprendre, que cette année, ça va être encore plus intéressant que les éditions précédentes. C'est vrai que nos vieux félins édentés et fatigués à force de recevoir des tannées, vont rester cette année, le ventre au sol et les pieds en l'air, bien cachés dans leur tanière. Mais le destin, qui est parfois bien sournois et bien malin, a décidé de les narguer, de les provoquer, et surtout, de les embêter, et a envoyé à leur place, une équipe – si je voulais remuer le couteau dans la plaie, j'aurais dit «un pays» - très proche de nous. En fait, il s'agit, vous l'avez sûrement deviné, de nos voisins si bien aimés. Bien sûr que je m'amuse et bien sûr que je sais qu'on n'aime plus ces gens-là depuis qu'on a décrété qu'ils étaient nos ennemis. Je vais m'arrêter là parce que le terrain, c'est vraiment le cas de le dire, est boueux et glissant. Excusez-moi, on me souffle quelque chose à l'oreille. Comment ? Ce n'est plus la même chose ? Ce ne sont plus nos ennemis jurés ? Et pourquoi donc ? Qu'est ce qui a changé ? Rien ? Et alors ? ... Pas de réponse ! Vous savez, finalement, je crois que j'ai pigé. Après tout, ce sont nos «frères maghrébins». Ils nous ressemblent beaucoup. Enfin, un peu, quoi ! Juste ce qu'il faut. D'ailleurs, on ne peut pas trop se ressembler parce que, voyez-vous, eux, heureux malchanceux, ont toujours été nourris de nationalisme violent, de discours creux et, surtout, de pétrole, alors que nous, malheureux bien chanceux, nous avons été continuellement alimentés de patriotisme vigoureux, de fausses promesses et, un peu, de phosphate. À part ça, il n'y a pas de grande différence entre nous. Et c'est pour ça qu'on sera de tout cœur avec eux. Mais, en attendant, on ne verra pas la Coupe du monde et donc, on ne les verra pas, eux non plus. À moins que... J'allais dire une bêtise, mais je me suis retenu. J'ai peur. Et puis, tant pis, je vais le dire ! Advienne que pourra ! Pourquoi on n'irait pas tous chez eux pour voir cette satanée Coupe du monde avec eux ? Qu'est ce qu'on risque ? Rien ! Ah si. On risque d'être privés à jamais de feuilletons égyptiens. Tant mieux ! Ça serait un vrai bonheur. Maintenant, tous avec moi : One, two, three, viva l'Algérie ! One, two, three, viva l'Algérie ! One, two, three, viva l'Algérie !