Des confrères à moi, respectueux, m'ont reproché de donner au «directour de deux mains» plus d'importance qu'il n' en a. C'est un fou, un malade, disent-ils, faut pas descendre à son niveau. Des confrères à moi, respectueux, m'ont reproché de donner au «directour de deux mains» plus d'importance qu'il n' en a. C'est un fou, un malade, disent-ils, faut pas descendre à son niveau. Je ne sais si Ali Lmrabet, le directour, dans l'état où il se trouve, serait d'accord pour dire qu'un malade, sa place est à l'hôpital ; un fou à lier ne trouverait meilleur refuge que dans un asile psychiatrique. Malade ou fou, que Dieu le guérisse. En cette veille de «âouchar». Mais Ali n'est ni l'un ni l'autre et tout à la fois. Il est singulier et pluriel. Il est fou, il n'est pas fou. Il est malade, il n'est pas malade. Il est tout. Il n'est rien ! Un déséquilibré mental ne pense pas à la pub, aux ventes, à la protection de ses arrières. Pas plus qu'à la calomnie, aux règles de l'écriture, même si ses connaissances demeurent plus que limitées. Un être normalement constitué sait raison garder. Mais, lui, c'est une espèce rare. Un oiseau rare, fou. Un pàjaro loco, comme disent nos amis ibères. Si chers au directour de «doumane». Hier, comme demain, est un piège. La tendance est de vivre le quotidien. Aujourd'hui, ici et maintenant. Pas demain-l'Espagne, l'Algérie ou tout autre contrée qui déteste le Maure. Je crois qu'il fait partie d'un genre unique de loubards, qui se croient intellectuels et plus intelligents que quiconque, dotés qu'ils sont, pensent-ils, par Dame nature d'un Q.I. hors pair, par rapport au reste du monde. Alors, li liha liha et advienne que pourra. Au pire c'est la taule. Elle est préférable à la vie de chien, ici-bas, loin de la cour des grands. Il le crie sur tous les toits, comme ces idiots du village qui croient semer la pagaille en haussant la voix et en criant au voleur. D'ailleurs, les tontons macoutes et matons de Oukacha ou du pénitencier Zaki entendent faire la grève de la faim si jamais tu persistes à vouloir être, coûte que coûte, leur invité de marque. Ils veulent pas perdre leur temps avec un irréductible taré. Un gars «âayak», au faite de tout et en fait de rien. Ils préfèrent les gens intelligents qui pigent vite et «cirent les lacets pour rouler». Lui, le loulou, il terrorisera la bergerie, et «comme on crèv'ra, tous, tôt ou tard, à nous le vol, la violence» et le viol. Le jeu vaut la chandelle. Et puis qu'ont-ils de plus que moi, ces journaleux produits du Makhzen ? Rien, rien… Ali. C'est vrai que tu ressembles étrangement à ces loubards des quartiers chauds, des terrains vagues. Heureusement que t'es pas flic, tu les aurais tous descendus, tous ces tournesols du Makhzen, avant de te donner la mort en ninja ou de te constituer prisonnier et devenir le symbole de la persécution makhzénienne. Pareil, le commun des mortels ne te confierait pas le volon d'un véhicule, sans risque que tu brûles les feux rouges, les STOP du Makhzen, ou, encore, que tu ne roules pas en sens interdit, en pleine autoroute. Ramadan s'étire et tire vers sa fin. Non sans de grandes convictions. Professionnelles, pas approximatives. La rubrique du Makhzen sera orpheline et moi trop triste. Me suis tellement habitué à l'ambiance quotidienne du mois sacré et son lot de dérision. Il faudra que, dans les nouvelles conditions de la vie normale, que je m'accoutume à la vie normale et à ses impératifs. C'est sûr que tu vas me manquer. Aux lecteurs du Makhzen aussi. Mais ce n'est qu'un au-revoir et ça dépend… Si tu retrouves la raison, on pourra, peut-être, devenir des copains, sinon, tant pis. Le Makhzen est là, vigilant pour protéger le citoyen lecteur de tes affabulations et de la coqueluche que tu entends propager dans l'école de la profession. Alors, pigé ? Ouais… mon pote. Vale, amigo. OK, OK. A deux mains, un dernier pour la route. La bonne. «Ouili hchouma, hada Lâid».