Tout va bien au Maroc? Mon œil! J'espère que vous n'avez pas cru, vous aussi, à ce que je vous ai raconté hier. C'est dingue le nombre de potes ou pas potes qui m'ont appelé dès qu'ils ont eu le nouveau journal dans les mains! «Non, pas toi!» se sont écrié mes derniers fans. «Bienvenue dans la tribu» ont fanfaronné mes éternels rivaux. Ils ont tous tout faux ! Bien sûr, je plaisantais... En fait, comme c'était mon premier billet, je voulais faire une blague : faire croire que moi aussi, j'ai fini par être acheté. Que je suis, à mon tour, un vendu ! Je dois avouer que j'aime bien de temps en temps sortir ce type de canular, histoire de donner de fausses joies à tous ceux qui me prennent pour un rabat-joie. Et cette fois, c'était encore plus crédible. En effet, aujourd'hui, je bosse pour un canard économique, donc, financier, donc, forcément, avec de gros moyens, et donc, sûrement, au service du «puissant patronat» et à la solde du «grand capital». Entre nous, étant donné la conjoncture et les temps si durs, j'aimerais bien qu'un jour ce satanique «puissant patronat» et ce monstrueux «grand capital» fassent appel à mes services. Un seul signe de leur part et je leur promets de tout laisser tomber. Mais, apparemment, à l'instar de leur grand big boss, Monseigneur Makhzen dit le Maléfique, je ne sais pas pourquoi aucun d'eux ne veut de moi. Un ami qui se dit «proche du pouvoir» m'a confié un jour sous le sceau du secret, qu'ils ont peur que je ne joue pas le jeu. Mais, bien au contraire, moi j'adore jouer. Tant pis ! En attendant, je ne vais pas me gêner. Ils l'auront voulu! Donc, disais-je, pour ceux qui ne l'ont pas pigé, mon billet d'hier n'était qu'une blague. Oui, tout ce que j'ai écrit en cette même place était du délire de première! Il n'y avait pas un seul mot de vrai. C'est normal. Qui pourrait croire une seconde qu'au Maroc, ici et maintenant, tout va bien dans le meilleur des monde? C'est incroyable! Tenez, le premier exemple qui me vient à l'esprit: l'éclatante défaite de nos lions ‘‘sots'' et, en plus, dans la capitale spirituelle du royaume ! Au fait, pourquoi ont-ils décidé de les faire jouer à Fez ? Qu'est ce qu'ils attendaient ? Que Moulay Idris accorde sa sainte baraka à ce ramassis de pieds nickelés et de bras cassés ? Mais qu'ils arrêtent leurs conneries ! Justement, moi je dis: baraka! Stop! Je ne connais rien au foot et je ne l'ai jamais caché, mais ce que je sais c'est que certains se foutent allègrement de la gueule de tout ce public amoureux transi d'une équipe fantôme et qu'il ne sait plus, le pauvre malheureux, à quel saint se vouer. Comme m'a dit mon voisin dimanche après le match, citant, paraît-il, un vrai hadith (je traduis mot à mot) : «Le jour où le pouvoir sera confié à des gens qui n'ont rien à y voir, ça sera le signe de l'approche de la fin du monde». Eh bien moi, c'est décidé: je ne vais pas attendre la fin du monde pour dire tout ce que j'ai à dire. Qu'on se le dise!