Je vais commencer par vous faire un aveu : j'avais décidé, après mon dernier billet, de ne plus reparler de «ça», mais, rien à faire, je n'ai pas pu m'en défaire. Il faut dire que «ça» ne s'est pas arrêté, et «ça» a même repris de plus belle. Et je pense que c'est pour ça que «ça» continue d'intéresser le monde entier, y compris nous qui avons l'immense privilège de vivre dans ce pays qui est, comme vous le savez, tout à fait «exceptionnel». Bien sûr, mes chers lecteurs et mes chères lectrices, je ne vais pas vous mentir : en effet, je suis ironique, voire cynique. Mais, si je le suis, ou si je suis amené à l'être, c'est parce qu'il y a des gens ici, chez nous, qui m'étouffent. C'est simple : je ne les supporte plus ! Quand ils passent à la télé ou à la radio, j'ai envie de les balancer par la fenêtre (ma télé et ma radio, pas eux ! Quoique...). Et quand ils écrivent et qu'ils se permettent d'étaler outrageusement leurs mots doux en gros dans leurs feuilles de choux gras, j'ai beaucoup de mal à me retenir pour ne pas les enrouler et les transformer en boulets et les leur renvoyer dans la figure. Oui, ils m'énervent ! Ils me tapent sur le système ! Ils croient, ou plutôt veulent nous faire croire que, seuls eux aiment le Maroc, parce que, selon eux, ils sont les seuls à le défendre contre toutes les dérives, dont, bien entendu, celles de tous ceux, nihilistes grincheux, ignares malheureux, ou carrément traîtres à la solde de je ne sais quel ennemi OVNI, lesquels, eux, vous l'aurez compris, n'aiment pas du tout leur pays. Ces amoureux transis au cœur léger et aux yeux larmoyants ne sont pas tombés du ciel, comme ça, du jour au lendemain. On les connaît bien, depuis longtemps car ce sont ceux-là même qui, de tout temps, font des déclarations d'amour à tout bout de champ. Des déclarations d'amour à qui ? Mais au pays, pardi ! Il n'y a presque pas un jour où ces énergumènes ne chantent pas la sérénade juste sous la fenêtre éternellement ouverte de ceux qui aiment bien les entendre et avec lesquels, manifestement, ils s'entendent bien. Mais, j'ai l'impression qu'aussi bien les uns que les autres sont profondément autistes. Je vous avoue qu'avant d'utiliser ce terme savant, et comme je ne connais rien en autisme, ni en une quelconque autre pathologie d'ailleurs, je me suis un peu renseigné. Parmi toutes les définitions qui m'ont été fournies, je n'en ai choisi qu'une seule et vous allez bientôt comprendre pourquoi. Je vous la livre telle que je l'ai découverte : «L'autisme est un handicap qui entraîne un décalage et un manque de compréhension de l'environnement, associé à une difficulté à communiquer correctement avec, sans doute, un désir réel de communiquer». Vous avez pigé où je veux en venir ? Non ? Je vais essayer d'être plus clair. Bien sûr, vous avez compris ce que j'entends par «ça». Effectivement, «ça», c'est ce qui se passe «online», en direct, sous les yeux, contemplatifs, admiratifs ou craintifs, des pays, des peuples et de ceux qui les dirigent, un peu partout dans le monde. Alors, si, partout et notamment juste au-dessus de nous, on suit avec intérêt, on analyse, on discute, on débat, on se pose des questions, on suggère des réponses, on propose des hypothèses, bref, on cause et on se remet en cause, chez nous, certains n'ont plus qu'une seule idée en tête : nous transformer, tous, en Mizaru, Kikazaru et Iwazaru. Je suis désolé de jouer malgré moi au savant pédant, mais ces noms étranges ne sont autres que ceux de ces célèbres singes plus ou moins mythologiques dont l'un est aveugle -Je ne vois pas le mal-, l'autre sourd -Je n'entends pas le mal- et, enfin, le troisième muet -Je ne dis pas le mal- parce que, croient-ils ou espèrent-ils, il suffirait de respecter ces trois conditions pour que le mal ne les atteigne pas. Vraiment, ils me font marrer. Ils confondent vraiment tout : idéologies et nouvelles technologies, amour et cécité, marcher et faire des croche-pied, écrire et aboyer. Non seulement, ils n'ont rien compris à l'histoire, mais en plus, ils sont nuls en géographie. Au fait, pourquoi on confie de telles missions à des cancres ?