Tout le monde éclata alors de rire. Sauf, bien entendu, Oudghiri, qui ne trouvait pas du tout drôle cette plaisanterie. Bennani le narguait, voulait le faire sortir de ses gonds. Mais il resta de marbre, se contentant de lui lancer un regard furtif et plein de dégoût. - Je ne savais pas que tu avais un sens de lhumour aussi prononcé, lança Omary à ladresse de Bennani. - Faut pas croire que je plaisantais; jétais sérieux quand je vérifiais, répondit Bennani en riant. Vous savez, avec lAfricain, rien nest impossible. - Bon, trêve de plaisanteries, interrompit Benjelloun. Oudghiri a insisté pour assister à notre réunion; alors il serait bon de lécouter pour savoir ce quil a à nous dire. - Vieux père, dit Oudghiri tout penaud, tu te souviens des tout premiers jours, quand je commençais juste à vous fréquenter ? Je men souviens encore comme si cétait hier. Ces derniers jours particulièrement, je narrête pas de ressasser dans mon esprit tout ce que nous nous sommes dit ici. Jen suis arrivé à une seule conclusion : vous aviez raison. Vous aviez raison de me mettre en garde. Avec le recul nécessaire, je reste convaincu que vous ne vouliez que mon bien. Jen ai fait quà ma tête, pensant plutôt que vous enviiez ma situation. - Continue, dit Benjelloun en souriant. - Si Benjelloun, chui dans la m Ils veulent me mettre au placard. Ils veulent me pousser à la démission. Je ne sais plus quoi faire. - Ecoute Champion, toi qui est soi-disant si imprégné de la culture africaine, tu dois connaître les proverbes africains qui disent : «Le grillon tient dans le creux de la main, mais on l'entend dans toute la prairie » et «Le feu qui te brûlera est celui auquel tu te chauffes» Le Champion par ci, lAfricain par là, on ne parlait que de toi, telle une star. Tu étais effectivement une star. Mais une star est portée par ses fans. Tes pseudos-amis dhier sont actuellement tes meilleurs ennemis. Nous tavions pourtant averti, mais tu tes cru tellement puissant que tu pensais que rien ne pouvait tatteindre. Je suis désolé de te le dire sans prendre de gants, mais sache dès à présent que ta popularité dantan sera à la mesure de ta déchéance future. Je vais te poser une question : sais-tu réellement pourquoi tu es encore en fonction à Attijariwafa bank ? - Ben, je sens seulement quils me suggèrent intelligemment de démissionner, grommela Oudghiri. - Ce sont les actionnaires espagnols qui te maintiennent sous perfusion. Ce sont eux qui font encore obstacle à ton limogeage déguisé. (à suivre) (*) * Les dialogues sont imaginaires, mais le fond de lhistoire, qui retrace le développement du marché bancaire depuis 2002, est vrai. Lobjectif étant juste de vous faire pénétrer, à travers des mots simples, et parfois risibles avec un peu de recul, dans lunivers complexe de tout ce qui se joue dans le système bancaire. Les personnages centraux de cette chronique ont tous joué un rôle majeur dans le développement et la modernisation du système bancaire national. Il ne sagit donc pas de les tourner en dérision, eu égard à leur rang et au respect que tout un chacun devrait avoir pour eux, moi en premier.