Vous dire qu'il y a beaucoup de choses à écrire reviendrait à dire que je n'ai que l'embarras du choix. Mais je ne vais pas vous le dire, parce que ce n'est pas vrai du tout. Ou, plutôt, pas tout à fait vrai. En effet, il se passe beaucoup de choses ces derniers temps dans notre pays, mais je suis sûr que vous n'avez pas envie que je vous parle, moi aussi, de toutes ces choses, ne serait-ce que parce qu'elles ne sont pas toujours gaies. Cela dit, autant le chroniqueur que je suis que le journaliste que je ne suis pas, se nourrissent de l'actualité qu'ils subissent, plus qu'ils ne choisissent. Et actuellement, l'actualité est plutôt morose et nous en fait voir de toutes les couleurs. Cela dit, je sais que vous m'en voudriez sérieusement si jamais je me mettais à vous énumérer ou à vous développer tous les trucs pas très drôles qui nous sont tombés sur la tête ces derniers jours. D'ailleurs, j'en suis moi-même encore un peu sonné, mais, vraiment, ce ne serait pas sympa que je vous sonnasse, vous aussi. En plus, ce n'est pas ce qu'attendent de moi aussi bien mes chers employeurs que vous mêmes, mes chers lecteurs et mes chères lectrices. Alors, pour toutes ces raisons, et au prix, je ne vous le cache pas, d'efforts surhumains, j'ai pris mon stylo le plus rigolo, c'est-à-dire celui qui a toujours bonne mine parce qu'il ne se casse jamais le crâne avec les sujets casse-tête, et j'ai mis mes lunettes les plus bêtes, c'est-à-dire celles qui voient tout en rose et savent vraiment quand il faut fermer les yeux et quand il ne faut pas les ouvrir et le résultat, vous allez bientôt le voir de vos propres yeux. Tout d'abord, je vais commencer par faire comme tout le monde, c'est-à-dire par vous parler de la pluie et du beau temps. C'est un jeu assez anodin, et avec ça, normalement, vous ne risquez rien, sauf si vous êtes dans le bain (c'est une vieille blague, mais qui ne fait plus marrer que les nostalgiques des années de plomb et, encore, ils doivent le faire en cachette de peur d'être dénoncés aux jeunes du mouvement du 20 février). En parlant de pluie et de beau temps, on a eu les deux, et presque en même temps. Certaines mauvaises langues amatrices de la théorie dite «du complot» sont allées jusqu'à prétendre que le mauvais temps de ces derniers temps n'était venu, pour ne pas dire intervenu, que pour gâcher le printemps dit «arabe», alors que tout le monde sait que depuis la nuit des temps, c'est une saison apatride pure et dure. D'ailleurs je me demande ce que va devenir ce printemps, y compris chez nous, quand va arriver l'été. Pour ceux qui n'ont pas pigé et pour les mal-entendants, je vais leur poser la question autrement : est-ce qu'on va continuer de marcher comme avant ou bien on va arrêter de faire des vagues, et attendre, la tête à l'ombre et les pieds au soleil, avec l'espoir qu'un jour - qui sait ? – chacun y trouve sa place et, tant qu'à faire, ses repères. Vous savez, ça peut vous paraître si loin, le soleil, pourtant, il est en train d'arriver vers nous à grands pas. Préparez-vous, mesdames et messieurs, mais on va faire bientôt le plein de... tout. C'est arrivé au moment où on l'attendait le moins, autrement dit, vraiment au bon moment. Ils ont décidé de faire de nous tous des «golfeurs» ? À la bonne heure ! Car devenir, du jour au lendemain, membres d'honneur, et sans rien donner, du moins je le suppose, du groupe le plus fermé, le plus sélect et, surtout le plus... comment dire ?... Le plus loti, car il a gagné le gros lot sans avoir jamais joué au loto, franchement, je crois que ce n'est que du bonheur. Ceux qui crient que ce n'est pas très logique d'un point de vue géographique, moi je leur dis ceci: qu'est-ce qui est mieux ? S'unir avec des frères, certes, très lointains, mais pas dans le besoin, ou bien rester fâchés avec des frangins qui ne veulent même pas nous ouvrir leur porte de peur, peut-être, qu'on devienne riches comme eux ? Quant à moi, mon choix est fait et au diable la géographie ! En tout cas, je vais enfin pouvoir dire : nous n'avons pas de pétrole, mais nous avons des amis qui en ont. Au fait, ça coûte combien un yacht et une villa-pied-dans-l'eau à Puerto Banus ? En attendant de recevoir les prix, je vous souhaite un bon week-end , et je vous dis vivement la vie en rose et vivement vendredi prochain.