Le ministère du Commerce, avec les départements de l'Habitat et de l'Intérieur, est en train de mettre en place une nouvelle stratégie d'urbanisme commercial. «L'objectif de cette nouvelle politique urbanistique est d'offrir aux différentes structures du commerce une aire de développement idoine et d'assurer une complémentarité entre les assortiments des points de vente des différentes zones commerciales», peut-on lire dans Interface, la revue du département du Commerce. Cette étude, relative à l'élaboration d'un référentiel d'implantation des activités commerciales dans le pays, est menée par Valyans Consulting et s'inscrit dans le cadre de programme Rawaj vision 2020. Réguler pour attirer les investisseurs Sandrine Noury, chargée de ce projet pour le cabinet d'étude, est revenue sur le cadre de gestion du développement commercial au Maroc, lors du salon ImmoPro vendredi dernier. «Il n'y pas d'outils pour soutenir une planification commerciale au Maroc, c'est pour cela que nous sommes en train d'y réfléchir. Ces outils permettent une régulation de l'urbanisme commercial qui peut être plus ou moins rigide. Le tout est de trouver un juste milieu», explique-t-elle. «Le Maroc, à l'instar de tous les pays du monde, a besoin d'une réglementation de ce domaine. On pense souvent à tort que plus de réglementation limite la marge de manœuvre du privé, mais c'est tout le contraire. Réglementer permettra de rassurer les investisseurs potentiels», insiste Bertrand Boullé, président fondateur de la société française Malls&Market. Une politique d'urbanisme commercial permet également une meilleure planification des zones commerçantes dans les villes, répartissant de façon efficiente l'espace entre logement habitable et immobilier professionnel. «Cela permet de préserver l'équilibre entre les petits commerces de proximité (comme les souks ou les kissariates) et les grands centres commerciaux périurbains, nécessaire à un développement harmonieux des villes», détaille Noury. Centre vs périphérie Traditionnellement, les centres villes marocains se bâtissaient autour des mosquées et des hammams. Avec la politique des villes nouvelles, ainsi que la création de nouveaux quartiers, de nouveaux centres urbains naissent, loin des centres traditionnels. C'est autour de cette logique de «guerre» entre centre et périphérie qu'est intervenu Boullé, spécialiste de la question. «Les commerces ont tendance à se délocaliser en périphérie des villes pour des raisons d'espace disponible et de foncier moins cher», précise ce dernier. La tendance actuelle partout dans le monde est en effet à la surconcentration des commerces dans des mégaprojets sur une zone donnée. Les chiffres nous rappellent ainsi l'urgence de repenser la répartition des commerces. Une étude sur la distribution marocaine à Casablanca fait état de 63.000 m2 utilisés par les centres commerciaux en 2009. Les projections à l'horizon 2015, elles, parlent de 450.000 m2, principalement occupés par les commerces de gros.