La nouvelle réforme de l'urbanisme commercial a été mise en place. Elle ambitionne de pallier l'absence de planification commerciale. Des schémas régionaux du développement du commerce seront élaborés pour garantir un équilibre dans le développement urbain à travers tout le pays. La nouvelle réforme de l'urbanisme commercial est là. Elle a été préparée conjointement par le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'Espace, et le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies dans le dessein de garantir un «développement harmonieux du commerce intérieur». De quoi s'agit-il ? Cette réforme s'inscrit dans le cadre du Plan «Rawaj». Elle ambitionne de pallier l'absence de planification commerciale. Ceci ne pourra se faire sans une stratégie bien claire et adaptée au contexte national. Selon Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, «ce plan doit donner une idée claire sur les lieux et les surfaces d'investissement afin de garantir la sécurité des investisseurs». Cette réforme de l'urbanisme a pour objectifs d'offrir un cadre au développement du commerce dans sa globalité en conservant l'équilibre entre les différentes typologies de commerces, d'associer au développement du secteur à la fois les acteurs de l'urbanisme général, les instances publiques représentatives du commerce, les acteurs privés et les élus, et de promouvoir le respect de la liberté d'entreprendre tout en accompagnant les acteurs privés à l'aide d'un cadre favorable à l'investissement. Ce nouveau dispositif vient aussi pallier les dysfonctionnements enregistrés dans le secteur. Selon Taoufiq Hejira, ministre de l'Habitat, c'est le manque d'offres qui donne lieu à un désordre dans la planification commerciale. Il déclare à ce sujet : «Quand il n'y a pas de la bonne offre, convenable aux investisseurs, on ne peut pas plaindre les investisseurs qui ouvrent par défaut des lieux de commerce de manière illégale et désorganisée». Par ailleurs, si tous les permis de construction accordés sont bien évidemment conformes aux lois de l'urbanisme, ils ne prennent cependant pas en considération le plan commercial de la ville. L'implantation du commerce est en effet très peu réglementée au Maroc. Hejira ne manque pas de le reconnaître : «Nous (le ministère de l'Habitat, ndlr) sommes en grande partie responsables du désordre qui règne dans le commerce au Maroc». La non organisation du commerce engendre de fortes nuisances et laisse souvent place au commerce ambulant. Dans ce sens, aujourd'hui, le ministère de l'Habitat s'est engagé à effectuer une organisation spatiale au profit du commerce. Un grand défi à relever. Taoufiq Hejira reconnaît la difficulté de la réorganisation de l'espace commercial au Maroc. «On veut réorganiser l'existant. On veut également arriver au point de considérer le commerce en tant que service public comme un autre. L'expérience marocaine a démontré que tout ne doit pas se faire à la fois». C'est dans cet objectif que la nouvelle réforme d'urbanisme commercial vient préciser les rations et normes spécifiques au commerce sans pour autant imposer un zonage. Ce plan, bien qu'il soit imprégné des expériences internationales, apporte des solutions pragmatiques et parfaitement adaptables au Maroc. Cette stratégie intervient dans un souci d'équilibre entre commerce moderne et commerce traditionnel, ainsi qu'entre le commerce de centre-ville et celui de périphérie. La mise en place du nouveau dispositif favorisera le respect des principes directeurs d'un développement urbain durable, cohérent et équilibré à travers l'élaboration des schémas régionaux du développement du commerce qui contiennent un diagnostic approfondi du secteur, les orientations majeures en termes de maillage et de densité commerciale et un plan d'action relatif aux mesures d'accompagnement pour le développement du commerce. De ce fait, la réalisation de ce schéma sera confiée à un Comité régional du commerce qui aura pour mission de planifier le développement du commerce et de constituer l'Observatoire régional du commerce. Un autre outil d'aide à la décision est la Commission d'autorisation préalable des grands projets, constituée des membres du Comité régional du commerce, qui sera en charge de donner un avis préalable à l'autorisation d'urbanisme. Les régions ne sont donc plus des zones d'exécution et de mise en œuvre, elles ont désormais une large marge de manœuvre. Cependant, un encadrement reste impératif. Le ministre de l'Habitat note à ce propos que «ceci ne veut pas dire qu'on donnera carte blanche aux différentes régions; on va les doter d'une feuille de route, il ne s'agit pas ici d'un prospectus qu'il faut respecter à la lettre, mais de fixer les limites et les outils indispensables au succès de ce plan».