La 4e édition du Festival Issni n'ourgh du film amazigh n'aura pas lieu cette année. Prévue du 4 au 9 mai 2010 à Agadir, elle a en effet été annulée sur décision de l'Association Issn n'ourgh, organisatrice du festival. «Nous avons pris cette décision pour des raisons qui nous dépassent», explique Rachid Boukssim, directeur du festival. Pour lui, l'édition 2010 a capoté parce que, d'abord, la contribution du Centre cinématographique marocain (CCM), destinée au festival, reste très modeste (10.000 DH). «Des cacahuètes, comparées aux subventions allouées à certains festivals qui n'étaient même pas encore lancés», fustige Boukssim. Ce qui n'est pas de l'avis de Mohamed Bakrim, le chargé de communication au sein du CCM : « Le Centre n'est pas tenu de la pérennité ou non d'un festival. C'est d'abord la ville qui doit s'impliquer et soutenir les manifestations culturelles ». En effet, la ville d'Agadir s'implique financièrement dans le festival du film amazigh, mais avec une somme qui ne dépasse guère les 60.000 DH. «Un pactole... qui n'arrive même pas à couvrir les frais des billets d'avion pour nos invités (une cinquantaine, ndlr)», raille Boukssim. Au sujet des subventions, l'argument du CCM reste clair : elles ont un caractère progressif dans le temps et vont de pair avec l'évolution convaincante du concept. «Nous avons soutenu, financièrement et moralement, ce festival depuis sa première édition et monsieur Boukssim le sait très bien», rappelle Bakrim. Comble pour les organisateurs du festival, tout ou presque a été programmé : le choix des films en compétition et hors compétition (30 films issus de 11 pays), le jury (7 membres reconnus à l'international), les ateliers de formation et le pays invité de l'édition, en l'occurrence le cinéma kurde avec le célèbre film «YOL» du cinéaste Yilmaz Güney qui a obtenu la Palme d'or au Festival de Cannes en 1982. Une décision hâtive ? «Dans un festival, les films et le public sont à mon sens plus importants que le jury. Peut-être que le festival du film amazigh d'Agadir a des ambitions qui vont au-delà de ses moyens», pense Mohamed Bakrim. Une hypothèse qui ne saurait plaire à Rachid Boukssim. «Cela fait quatre ans que nous organisons ce festival avec nos propres moyens. Peut-être que le CCM n'accepte-t-il pas trop que nous fassions nous-mêmes la promotion des films amazighs, à travers le monde, sans passer par ses structures !», répond Boukssim. Ce que peut-être ce dernier ne sait pas, c'est que les subventions du CCM pour cette année n'ont pas encore été définitivement officialisées... La décision des organisateurs du festival aurait-elle alors été prise à la hâte ?