Un nouveau scandale qui risque de ternir encore plus l'image du groupe pétrolier. Le juge français Serge Tournaire a récemment mis en examen l'entreprise pour corruption, complicité et recel de trafic d'influence, dans l'affaire dite de «pétrole contre nourriture». L'affaire a été révélée par le journal français Les Echos après être passé discrètement dans le rapport annuel de Total rendu public le 2 mai. Le Groupe a ainsi déclaré : «Début 2010, malgré l'avis du parquet, un nouveau juge d'instruction a décidé de mettre en examen Total SA pour corruption, ainsi que pour complicité et recel de trafic d'influence. Cette mise en examen intervient huit ans après le début de l'instruction, sans qu'aucun élément nouveau n'ait été versé au dossier». Le parquet de Paris avait en effet requis un non-lieu pour toutes les personnes impliquées, ayant estimé que les pièces jointes ne prouvaient pas d'abus de biens sociaux. Toute fois, le juge Tournaire, qui a repris l'affaire a décidé de relancer la procédure judiciaire. Une affaire qui remonte à huit ans L'affaire remonte à 2002, après qu'un organisme anti-corruption relevant du ministère de l'Economie, du nom de Tracfin, ait signalé des mouvements d'argent illicites. La nouveauté est que c'est Total elle-même qui est mise en examen en tant que personne morale, une première pour une entreprise du CAC 40. Alors que depuis 2006, seuls des anciens et actuels dirigeants ont été mis en cause, tel Christophe de Margerie, actuel patron du groupe et DG en charge de l'exploration production à l'époque des faits. Certaines personnalités françaises sont aussi sur le banc des accusés, dont Charles Pasqua, ancien ministre sous Mitterrand et Balladur, soupçonné de trafic d'influence. Ces agissements auraient permis à Total de contourner les règles strictes du programme de l'ONU. «En utilisant une caisse noire, Total aurait versé des commissions à des responsables irakiens pour accéder au pétrole, dont la vente était en principe autorisée uniquement dans le cadre du programme» selon le journal français. Parallèlement, l'Irak appliquait une décote de 50 cents par dollar de pétrole vendu, dont la moitié était rétrocédée à Saddam Hussein. Ce programme, instauré par l'ONU entre 1996 et 2003 avait pour but de réduire l'impact de l'embargo imposé à l'Irak, après l'invasion du Koweït et qui avait fait quelque 1,5 million de morts selon des estimations. Selon le rapport «Volcker», diligenté par l'ONU pour enquêter sur les dessous du programme, 2.200 entreprises de 66 pays, soit la moitié de celles ayant participé au programme, avaient versé des dessous-de-table à Bagdad. Le groupe Total est dans une spirale de procès et de scandales à répétition depuis quelques mois, après le procès du naufrage de l'Erika.