Mohamed Horani a une sacrée chance. Le destin a voulu qu'il soit à la tête du patronat au moment où le Maroc entame un tournant historique en termes de réformes et de mise à niveau des relations entre le pouvoir et les composantes de l'économie et de la société. C'est aujourd'hui que le président de la CGEM passe devant la commission de Menouni pour apporter la contribution des patrons au débat national autour de la réforme constitutionnelle. C'est à lui que revient donc la lourde tâche de recadrer les relations entre l'Etat et les investisseurs privés. Une sorte de feuille de route pour délimiter les frontières et savoir où finit la liberté des uns et où commence celle des autres. Difficile de ne pas faire le lien avec le débat en France concernant la proposition de François Baroin, le ministre du Budget, de lier le versement de dividendes aux actionnaires à l'attribution d'une prime aux salariés. Incompréhensible, dangereux pour l'emploi, contre-productif... la réaction vigoureuse de Laurence Parisot, présidente du Medef, sur les colonnes du Monde, est riche en enseignements. La CGEM gagnerait d'ailleurs à s'en inspirer pour appuyer ses propositions. Jusqu'où peut aller le gouvernement pour «mobiliser» les entreprises en faveur de la sortie de crise ? Quels sont les risques encourus si les règles du jeu sont bafouées ? On se demande si Horani et son équipe auront le courage de demander la constitutionnalisation de la séparation du pouvoir et de l'entrepreneuriat, car c'est ce qu'exige la rue. Ira-t-il jusqu'à parler du lobyying et du monopole de certains groupes qui étouffent l'investissement et bloquent la répartition équitable des richesses au Maroc ? La CGEM a là une occasion en or pour marquer l'histoire, voire tenter d'en changer le cours.