Casablanca, la ville aux mille facettes ne cessera jamais de charmer ses habitants et ses visiteurs. Dès le premier abord «Dar El Beida», par son ancienne médina, son quartier des Habbous, ses places historiques, ses sites archéologiques, ses immeubles art déco, ses salles de cinéma (de plus en plus rares malheureusement), ses quartiers populaires ... ensorcelle toute personne férue de patrimoine de cette mégapole. Et si les Casablancais regardaient leur ville autrement ? Et s'ils contribuaient à faire renaître ce patrimoine exceptionnel de ses cendres? C'est l'objectif de la 3e édition des Journées du patrimoine de Casablanca, prévue les 15, 16 et 17 avril, Initiée par l'association Casamémoire (créée en 1995, avec pour objectif de préserver le patrimoine de la cité blanche) en partenariat avec l'Institut français de Casablanca, le ministère de la Culture (Direction régionale de Casablanca), la Délégation régionale du ministère du Tourisme et la ville de Casablanca. «Cette année, nous avons décidé de mettre en valeur trois quartiers de la ville, en l'occurrence, la place et le boulevard Mohammed V autour du Marché central, l'ancienne Médina et le quartier des Habbous. Ce choix se justifie par le nombre de visiteurs qui se sont rendus sur ces lieux l'année dernière. De plus, les journées s'étalent cette année sur trois jours au lieu de deux pour l'édition précédente», souligne Abderrahim Kassou, Secrétaire général de l'association Casamémoire. Ainsi, quelque 150 guides bénévoles seront à la disposition des personnes désirant découvrir des lieux rarement accessibles au grand public. L'une des nouveautés de cette édition demeure également, l'implication des établissements scolaires de la région du Grand Casablanca. En effet, plusieurs élèves des écoles primaires, collèges et lycées bénéficieront de visites guidées lors de ces journées. Tout un programme «Le but de cette initiative est de permettre à la jeunesse casablancaise d'avoir une idée claire sur son patrimoine», précise le Directeur de l'Institut français de Casablanca. Cette nouvelle édition qui, selon ses organisateurs, se veut plus structurée sera marquée par la mise en place en parallèle, d'un bon nombre d'activités. C'est ainsi que des expositions seront organisées dans différents endroits historiques de la ville. Il s'agit, entre autres, de l'exposition de photographies «Mutual heritage» qui aura lieu à l'église du Sacré-Cœur,de «Je vais vous parler de Casablanca» à la Coupole (Parc de la Ligue arabe),de «Agir pour la biodiversité» à l'Espace Lydec ou encore de l'exposition de peintures de Lilliane Danini au musée du Judaïsme marocain. Plusieurs conférences sont également au programme lors de ces journées. «Quels rôles et quels usages pour les espaces verts au Maghreb? Le cas du Parc Murdoch à Casablanca», «La genèse d'une nouvelle architecture marocaine au début du XXè Siècle», «Les métiers d'art et patrimoine architectural» sont, entre autres, des thématiques qui seront débattues le temps de cet événement. Selon le directeur du Centre régional du tourisme (CRT) de Casablanca, Said Mouhid, tout un programme a été mis en place pour associer les touristes à cette manifestation. «Des brochures seront distribuées à l'aéroport de Casablanca. Les agences de voyages et les hôtels de la ville seront également associés à ces journées du patrimoine. Par ailleurs, un partenariat sera signé le 15 avril entre le CRT de Casablanca, Casamémoire et l'association des guides pour former des guides au patrimoine architectural», précise-t-il. Les journées du patrimoine qui, selon Kassou, s'ouvriront sur d'autres quartiers de Casablanca dans le futur ( Aïn Chock, Derb Soltane, Hay Mohammadi...) continuent donc leur mission de sensibilisation sur l'importance de la préservation du patrimoine de Casablanca qui, avouons-le, est resté longtemps aux oubliettes. Fz.S L'âge d'or et... le déclin La première moitié du XXe siècle constitue l'une des dates clés de l'histoire de l'architecture à Casablanca. C'est pendant cette période que la plupart des quartiers de la ville ont été construits, faisant de la cité blanche une «ville nouvelle». Casablanca est devenue durant cette période un vrai laboratoire d'urbanisme et d'architecture. C'est ainsi qu'on retrouve toutes les influences esthétiques qui ont animé l'Europe : art nouveau, néoclassicisme, art décoratif, influence du Bauhaus. Des influences «marocanisées» grâce notamment à l'utilisation de matériaux locaux (zellige, bois sculpté) et le savoir-faire des maâlems. Après l'âge d'or de l'architecture au Maroc, plusieurs monuments historiques de la ville ont été détruits durant les années 70 et 80. Il s'agit des Arènes, des Galeries marocaines, du célèbre cinéma Vox ou encore du théâtre municipal. Durant les années 1990, des villas comme Benazaraf et El Mokri ont également été détruites, effaçant une partie de la mémoire de Casablanca.