Coup double pour Akhannouch. Le ministre ne laisse rien au hasard. Il a profité de son passage à Paris en milieu de semaine pour la grand-messe Medef-CGEM pour rajouter une petite couche de lobbying et contrer les détracteurs du projet d'accord agricole avec l'UE. En fin connaisseur des dédales du Parlement européen, il est resté zen face aux dernières attaques des députés espagnols et a préféré faire escale au Quai d'Orsay, avant de s'envoler pour Bruxelles. Akhannouch n'a pas manqué de rallier la garde rapprochée de Sarkozy à la cause marocaine, mettant en avant l'aspect «sur-dimensionné» des lobbys agricoles européens. Son argument fatal : le volume que représentent les fruits et légumes marocains adressés au marché européen ne dépasse pas 0,7% du total, au moment où la production européenne connaît une progression d'au moins 5%. Mais l'argument factuel qu'Akhannouch, en fin lobbyiste, a subtilement glissé, est que dans un contexte où plusieurs pays arabes fournisseurs de l'Europe sont dans une situation de chaos économique, il est dans l'intérêt de cette dernière de sécuriser au plus vite sa «matière première», à travers l'accord de libre-échange Maroc-Europe. Joli ! Au passage, le ministre ne s'est pas privé de corriger certaines «idées reçues» particulièrement utilisées par le redoutable José Bové pour souffler à l'oreille des députés européens que l'accord avec le Maroc pourrait nuire aux intérêts des petits agriculteurs marocains ! Un argument balayé d'un revers de la main, car, soutient le ministre, la notion de petit agriculteur est différente selon que l'on est de l'un ou de l'autre côté de la Méditerranée. Finalement, le plus gros des agriculteurs marocains n'est comparable qu'à un agriculteur moyen en Europe. Banco !