La Commission chargée de la réforme de la Constitution a décliné son calendrier et a ouvert le débat avec les partis politiques et les centrales syndicales. Le message est clair. Il ne s'agit pas de faire de la littérature, mais bel et bien de sonder la rue, nous l'avons bien compris. Pour les plus frileux, le Conseiller du Roi et président du mécanisme, Mohamed Moâtassim, aurait même clairement signifié aux chefs de partis qu'il ne fallait pas attendre de «consignes». Mais si le message était clair, il est par contre loin de répondre à une série de questions : est-ce que des partis politiques fortement critiqués pour leur inertie ou encore des centrales syndicales archaïques, au discours rabâché, pourront apporter du bon grain au moulin ? Comment peut-on intégrer les propositions de ceux qui ont choisi de «faire de la politique autrement» et qui ont osé dire tout haut ce que les partis n'osaient même pas aborder dans leurs locaux, mais qu'ils s'apprêtent aujourd'hui à s'approprier ? Est-il normal de demander à ceux qui ont handicapé le système politique national et dont les têtes se sont vu adresser des «Dégage!» frontaux lors des marches des 20 février et 20 mars, de contribuer à concocter la nouvelle Constitution ? C'est comme si on leur demandait de «choisir à quelle sauce ils seraient mangés». Le duo Moâtassim-Mennouni prêtera-il l'oreille à ces jeunes que le Roi a qualifié de patriotes et dont Khalid Naciri a reconnu la sincérité ? Y aura-il dans ce fameux calendrier de la place pour des concertations avec la société civile ? Autant de questions qui se bousculent dans la tête de l'observateur qui veut bien croire à la bonne foi de tous ces acteurs de la réforme. Toutefois, le petit signal envoyé lundi est loin d'être suffisant. Pour bâtir sur du solide, il faut commencer par assainir la base.