Souffler un «vent nouveau» sur le Festival de Fès des musiques sacrées. Une tâche pas aussi simple à remplir. Pourtant le nouveau directeur général de la Fondation Esprit de Fès, qui organise ce prestigieux festival depuis 17 ans, Faouzi Skalli est confiant. De retour au bercail depuis quelques mois (il avait quitté la Fondation en 2006), Skalli préfère ne pas s'étaler sur les raisons de son départ, encore moins sur celles qui l'ont fait revenir. «Je me suis consacré à un autre festival, celui de la culture soufie, une thématique qui me tient à cœur. Lorsqu'on m'a appelé pour prendre la direction générale de la Fondation, j'ai accepté l'offre sans aucune hésitation», nous précise Faouzi Skalli. Aussitôt nommé, il met en place une stratégie pour redorer le blason du Festival des musiques sacrées qui avait perdu, reconnaissons-le, beaucoup de son éclat. Rappelez-vous, l'édition 2010 avait connu plusieurs désistements notamment ceux de Ben Harper et de Sabah Fakhri, sans oublier, les couacs relevés au niveau de l'organisation. «Vous savez, il y a toujours de fortes chances pour que les artistes invités ne répondent pas présents et ce n'est pas propre au Festival de Fès», tient à préciser son directeur général. «Ce temps est révolu», sommes-nous tentés de déduire ! En effet, le programme prévisionnel de la manifestation est déjà mis en place. Les noms de bon nombre de stars qui animeront cette 17e édition (prévue du 3 au 11 juin prochains) sont déjà dévoilés... Bref, on s'éloigne de la communication approximative pour s'installer dans une certaine approche beaucoup plus professionnelle. C'est ainsi qu'on sait déjà que Julia Butros, Youssou Ndour, Kadhem Essaher, Asmae Lemanaouar, Abdelmalik, Maria Betânia ou encore Ben Harper, qui s'était désisté l'année dernière, seront les principaux invités du Festival. Des artistes qu'on rencontrera à Mawazine 2011 prévu quelques jours avant le festival fassi. En effet, les mêmes Youssou Ndour, Kadhem Essaher et Asmae Lemanaouar prendront part à l'événement phare de Maroc Cultures. «Ce n'est pas une question de noms, mais plutôt de répertoire», tranche Faouzi Skalli. «Ces artistes vont chanter un répertoire qui colle parfaitement au thème du festival Sagesses du monde». C'est ainsi que Youssou Ndour, par exemple, rendra un hommage à Sidi Ahmed al-Tijâni, souligne Skalli. L'autre moment fort de la 17e édition sera la soirée d'ouverture programmée le 3 juin prochain à Bab Al Makina. Il s'agit de l'opéra «Majnoun Laïla» qui est une création du Festival. «Notre Festival devient ainsi producteur de culture et non seulement consommateur. C'est une stratégie que nous adoptons pour promouvoir la créativité», affirme Skalli. Vers une intelligence collective Promouvoir la créativité et la culture, tel est donc le nouveau crédo de la Fondation Esprit de Fès. Pour son directeur général, «la culture est la matrice de toute transformation sociale». Partant, la Fondation a pour rôle «de contribuer d'une certaine façon à une production ou un développement de civilisation dans le sens où celle –ci n'est pas seulement une réalité du passé mais aussi une réalité à construire». Un objectif qui ne pourra jamais être atteint sans l'implication des jeunes. «C'est à travers les manifestations culturelles, à l'instar du Festival des musiques sacrées ou encore le Forum de Fès qu'on peut inviter la jeunesse à participer à la vie culturelle de notre pays. Il faut lui permettre d'accéder à ce genre de manifestations en instaurant la gratuité ou des prix modiques». Conscient de la problématique de la démocratisation de la culture de notre pays, Skalli parle de «l'intelligence collective» qui est le véritable moteur de toute évolution. «Le concept consiste à lancer la création de cafés culturels et citoyens tout le long de l'année. Chose qui ne peut que contribuer à l'ouverture des espaces constructifs de débats publics et de produire justement de l'intelligence collective». Les retombées économiques sont considérées également comme l'un des points forts du Festival. Avec un budget de 14 MDH pour l'année 2011, cette manifestation réussit tout de même à trouver un certain équilibre financier, grâce notamment au sponsoring et à la vente de billets. «Ce n'est pas prétentieux de ma part, mais je pense que le Festival des musiques sacrées est l'âme du Maroc, sa ligne éditoriale et son esprit font de lui une manifestation contemporaine qui traite de sujets profonds et spirituels mais aussi qui invite à des réflexions sérieuses sur l'humanité et son devenir»explique Skalli. «Une expérience universelle qui est à mon sens un laboratoire d'expérimentations à l'image de notre pays», conclut-il. Fz.S