Comment sera cette campagne agricole ? Après une année agricole 2009 exceptionnelle, laquelle a cloturé avec une production céréalière de quelque 100 millions de quintaux, plusieurs interrogations entourent celle de cette année. De manière globale, les professionnels de l'agriculture s'accordent à dire que les indicateurs sont bons et annoncent, d'ores et déjà, une année sans tracas. Les objectifs fixés pour la campagne tournent autour de 60 millions de quintaux de céréales. Cependant, il existe plusieurs facteurs qui ne permettent pas de connaître par avance le rendement de l'année. Le chemin est donc encore long et certaines régions sont soumises aux effets pervers des aléas climatiques. Sur ce volet, les régions vulnérables sont le Gharb, victime des récentes inondations, et celle du Sud où l'effet conjugué des inondations et du froid n'augure pas de bonnes performances, cite Mohamed Ouayach, président de la Comader (Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural). Et les autres régions ? Au niveau d'El Jadida par exemple, si l'on s'inscrit dans la logique des prévisions nationales, l'une des menaces sérieuses identifiées par la direction provinciale de l'Agriculture pour cette campagne est l'attaque des rongeurs et des moineaux. La direction provinciale prévoit, d'ailleurs, dans son plan d'action 2010 une série de mesures drastiques pour lutter contre les ennemis de l'agriculture. On parle de distribution des appâts empoisonnés aux agriculteurs et la destruction des nids des moineaux. Dans la région du grand Casablanca, le principal souci a été causé par le démarrage tardif de la campagne du fait du manque de précipitations. Cependant, selon Hicham Chbouki, chef de la division production animale et végétale de la région, les choses commencent à rentrer dans l'ordre, surtout après ces dernières semaines de pluie et le retour du soleil. Ainsi les 41.000 hectares de culture prévus sont déjà réalisés. Dans ce cadre 16.700 quintaux de semences ont été sélectionnés et distribués aux agriculteurs, soit 41% de plus que l'année dernière. Mais, cette année, la principale source d'inquiétude des agriculteurs demeure la flambée des prix des engrais. C'est, en effet, un rebond de +20% qu'ont enregistré ces prix par rapport à l'année dernière. Sur Casablanca le problème est plus épineux. « C'est un problème que nous ne pouvons pas maîtriser, car contrairement aux autres régions, Casablanca compte beaucoup de revendeurs privés », explique Hicham Chbouki. « Nous ne pouvons donc que conseiller les agriculteurs de mieux choisir leurs engrais et les accompagner sur le terrain grâce à nos actions de proximité», conclut-il. L'objectif annuel est-il atteignable ? Voilà une question à laquelle les professionnels de l'agriculture ont du mal à trouver une réponse. Certains préfèrent ne pas se forger une opinion trop hâtive. «Tant que les moissonneuses-batteuses n'ont pas fait leur travail, il est difficile de savoir de façon précise si les objectifs seront atteints ou pas», indique cet agriculteur dans la région du Gharb. Et d'ajouter que, maintenant, en dehors des inondations et de la montée du prix des engrais, le reste des indicateurs est pour l'instant favorable à une bonne campagne. Mais le plus sûr, c'est que tous les professionnels contactés s'accordent sur le fait que dans l'état actuel de la campagne, pour l'ensemble du Maroc, c'est la situation du mois de mars qui donnera le verdict final. Si ce mois est pluvieux, cela augmentera les chances de faire une bonne campagne. La preuve donc qu' au Maroc, l'agriculture reste encore très dépendante des conditions climatiques. Mohamed Ouayach, Président de la Comader.:«Avec 60 mqx, 2010 sera une bonne année» Les Echos : Comment se porte la campagne agricole de cette année ? Mohamed Ouayach : Globalement, on peut dire que tout se passe bien, les agriculteurs ont le moral. Cependant, dans l'état actuel de la campagne, il y a deux zones d'inquiétude. La première, c'est la région du Gharb, qui risquera de subir les répercussions négatives des inondations dont elle a été victime. Environ 50.000 hectares de culture seront perdus dans la région cette année. La deuxième zone, c'est la région du Sud, où l'effet conjugué des inondations et du froid n'augure pas une fin heureuse pour l'agriculture. Toutefois, cette pluviométrie excessive a un côté positif, celui d'augmenter le taux de remplissage des barrages. Quels sont les objectifs fixés pour cette campagne ? Déjà, il faut comprendre que c'est la deuxième campagne qui s'inscrit dans le cadre du Plan vert. Les objectifs sont donc élevés. Toutefois, il sera difficile d'atteindre les objectifs exceptionnels de l'année dernière en termes de production céréalière (100 millions de quintaux). Pour 2010, si nous parvenons à 60 millions de quintaux, ce sera une bonne année aussi, car avec ce volume la sécurité alimentaire nationale est garantie.