Le géant de l'aéronautique Baykar a confirmé sa présence au Maroc avec la création d'Atlas Defense, une filiale officiellement enregistrée au registre du commerce de Rabat et dotée d'un capital de 2,5 millions de dirhams. «Loin d'être une simple antenne commerciale, cette structure permettra au Maroc de gagner en autonomie dans l'entretien, l'exploitation et l'amélioration des drones de combat acquis ces dernières années», a appris Barlamane.com de source proche du constructeur et exportateur turc. Maintenance avancée et optimisation des drones Bayraktar TB2 et Akinci TİHA Atlas Defense «assurera le maintien en condition opérationnelle (MCO) des Bayraktar TB2 et des Akinci TİHA, récemment intégrés aux Forces armées royales (FAR). Pour garantir leur performance, la filiale marocaine disposera de stations au sol dédiées à la calibration des capteurs optroniques, des radars SAR/GMTI et des modules de guerre électronique. Un système d'analyse des données fondé sur l'intelligence artificielle permettra, également, d'anticiper les défaillances techniques et d'effectuer des interventions préventives. Ce procédé améliorera la disponibilité des drones en réduisant les pannes inattendues», a-t-on révélé, donnant plus de relief à des indications que Barlamane.com a mises en évidence. «L'Akinci, par exemple, étant un drone MALE (moyenne altitude longue endurance) équipé de moteurs turbopropulsés Ivchenko-Progress AI-450T, exige un suivi rigoureux. Son système de contrôle de vol fly-by-wire redondant et son gestionnaire énergétique adaptatif, qui ajuste la consommation des capteurs et des communications en fonction du profil de mission, nécessitent un entretien précis pour assurer leur bon fonctionnement», d'après des informations obtenues. Un pôle de formation et de transfert de compétences Atlas Defense ne se contentera pas d'assurer l'entretien des drones. La filiale formera également des opérateurs marocains aux systèmes Bayraktar, leur permettant ainsi d'acquérir une maîtrise avancée du pilotage, de la maintenance et de l'optimisation des performances des appareils. Les pilotes et les techniciens apprendront à utiliser les algorithmes de vol automatisé et à intégrer les drones dans un réseau de commandement et de contrôle interopérable. Ils se spécialiseront aussi dans la gestion des charges utiles, notamment les missiles MAM-L et MAM-C, et étudieront la possibilité d'intégrer d'autres armements plus adaptés aux besoins de l'armée marocaine. Les formations prévues incluront également «une sensibilisation aux enjeux liés à la cyberguerre et à la guerre électronique. Les opérateurs devront être en mesure de contrer les tentatives de brouillage et de piratage des communications des drones, tout en exploitant des technologies de détection et de perturbation du signal adverse», a-t-on explicité. Vers une adaptation technologique des drones aux besoins marocains À terme, «Atlas Defence ira au-delà de son rôle initial pour devenir un centre d'innovation. Baykar et ses partenaires marocains comptent développer de nouveaux projets afin d'adapter les drones aux exigences opérationnelles des FAR», a-t-on poursuivi. D'après les détails techniques fournis, «les ingénieurs travailleront sur l'amélioration des moteurs afin d'optimiser l'endurance des appareils en milieu désertique et côtier. Des capteurs plus sophistiqués, comme des modèles hyperspectraux, pourraient être ajoutés aux drones pour permettre une analyse détaillée des terrains et des infrastructures. D'autres efforts porteront sur l'intelligence artificielle embarquée afin d'améliorer la reconnaissance des cibles et la classification des menaces en temps réel.» Un modèle de partenariat sur le long terme Baykar adopte une approche différente de celle des autres fabricants d'armement en s'engageant auprès de ses clients bien au-delà de la simple vente de matériel. L'entreprise turque mise sur un accompagnement technique et stratégique permettant aux pays partenaires de mieux exploiter et améliorer les systèmes acquis Le Maroc tire parti de cette approche pour renforcer son indépendance dans le domaine des drones militaires. La montée en compétences des FAR dans ce secteur pourrait, à la longue, leur permettre de concevoir leurs propres solutions et d'intégrer ces appareils à une architecture de combat en réseau en cohérence avec la montée en puissance des capacités marocaines.