La transformation digitale de l'administration publique vise à faciliter l'accès à des services dont certains relèvent du parcours du combattant. Dans cette démarche, l'ADD joue un rôle clé dans cette transformation en optimisant l'interopérabilité, l'authentification et la fiabilité. Mais un défi majeur persiste, celui d'une data fiable et actualisée. Si obtenir un document administratif relevait auparavant du parcours du combattant, la digitalisation de bon nombre de services administratifs devrait désormais faciliter la tâche des citoyens au quotidien. C'est le cas pour un certain nombre, mais pour d'autres, les incidents de parcours persistent. Partant d'une expérience vécue, la démarche en ligne pour se procurer certains documents administratifs n'est pas toujours couronnée de succès. Par exemple, les services en ligne pour la demande d'un extrait d'acte de naissance ou encore de casier judiciaire offrent une procédure ergonomique, sauf que les documents ne parviennent quasiment jamais. Ce que tout le monde ne sait pas, c'est qu'il est possible de récupérer les frais engagés, selon l'Agence de développement du digital (ADD) que nous avons contactée afin de nous enquérir sur la gestion de ses services. En préambule, Khalid Ouakka, directeur e-gov à l'ADD, relate le rôle principal de l'ADD, qui consiste en la mise en œuvre de la stratégie de l'Etat en matière de développement digital. Interopérabilité et accès aux données L'ADD intervient pour assurer l'interopérabilité entre les différentes administrations en termes d'échange de données. D'où la mise en place d'un dispositif national qui permet d'avoir accès à toute la data dont une administration a besoin pour assurer le service public. Ce mécanisme, initié en 2021, permet de collecter les données nécessaires pour alimenter le Registre social unifié. L'interopérabilité est en quelque sorte l'outil technique qui permet cette interconnexion. Le responsable de l'ADD a indiqué que les cas d'usage lancés concernent la santé, le social, mais également l'éducation via la plateforme MASAR. «Désormais, peu importe l'organisme qui veut digitaliser un parcours, il peut accéder à toutes les données. Il suffit d'avoir l'aval de l'administration concernée. Aujourd'hui, ce sont pratiquement 80 organismes qui sont interconnectés à travers cette plateforme d'interopérabilité pour proposer 25 services e-gov. Et la demande ne cesse de grimper», explique encore Khalid Ouakka. Authentification et fiabilité Pour s'assurer de l'identité du demandeur, un procédé d'authentification s'impose. Un autre volet dans lequel l'ADD intervient. Toutefois, pour éviter l'amalgame, l'ADD agit au niveau de la plateforme. Quant à la délivrance des documents, c'est l'administration concernée qui s'en charge. Cependant, certains documents ont tendance à disparaître une fois le registre de l'état civil totalement digitalisé. Ce travail est mené pour simplifier les démarches pour toutes les administrations qui souhaitent et doivent digitaliser leurs services, mais également dans la perspective de disposer de tous les éléments pour lancer une plateforme unique qui centralise tous les services, tel qu'annoncé dans la nouvelle stratégie digitale 2030. Selon nos informations, les jalons sont posés et le lancement officiel se fera dans quelques semaines. Pour revenir à l'authentification, l'ADD œuvre pour une véritable digitalisation du parcours. Après le lancement de l'authentification par la carte il y a deux ans, l'intégration des fournisseurs de services est en cours. Selon le directeur e-gov de l'ADD, une forte demande est observée de la part des banques. Pour l'heure, ce sont une cinquantaine d'administrations qui ont intégré ce processus. En dehors de l'interopérabilité et de l'authentification, l'ADD a développé sur sa plateforme ce qu'on appelle les modules communs. Il s'agit d'un service dédié au paiement. Parmi les services en cours de déploiement, figure le digital local, qui consiste en un espace sécurisé permettant l'accès à la fois à l'administration et au citoyen, où le document est déposé et peut être récupéré. Ainsi, dans le cadre d'une autre procédure, il n'est pas nécessaire de refaire la même démarche. Un autre système en phase de test dans la digital factory de l'ADD est celui de la notification aux citoyens, laquelle disposera d'une valeur juridique. Pari sur l'avenir L'administration mène en ce moment d'autres chantiers tels que la mise en place d'une plateforme e-learning dont le contenu sera développé par les différents départements ministériels et administratifs. L'examen du permis 100% en ligne est également un service qui sera déployé d'ici la fin de l'année. Par ailleurs, l'ADD insiste sur l'importance de s'assurer de la fiabilité et de l'actualisation des données. D'où la nécessité d'un dispositif capable de mettre à jour l'information en temps réel. C'est le défi à surmonter. Dans ce sens, un projet visant à fiabiliser les registres de données est en cours pour que toutes les administrations adhèrent au processus. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO