Prouesse technique ou pari risqué ? Les financements «innovants», mécanisme considéré par beaucoup comme ingénieux, permettent à l'Etat de mobiliser d'importantes ressources pour le Trésor sans pour autant alourdir l'endettement public. L'Exécutif y a recours systématiquement depuis 2019, en l'absence de privatisations significatives. Et il fait bien… Ces montages, qui s'apparentent à du lease-back, à travers la cession d'actifs immobiliers de l'Etat – qui en reste locataire – à des investisseurs institutionnels, constituent une véritable bouffée d'oxygène pour les caisses du Trésor. En quatre ans, près de 74,4 milliards de dirhams ont ainsi été récoltés. L'objectif est d'atteindre 35 milliards supplémentaires en 2025. De quoi se donner de la marge supplémentaire pour financer les grandes réformes sociales. Ceci dit, s'ils suscitent un engouement certain auprès du gouvernement, les autorités monétaires, à leur tête Bank Al-Maghrib, émettent quelques réserves, appelant à à une gestion rigoureuse et transparente de ces opérations. Et pour cause, si elles permettent de répondre à des besoins immédiats, leur impact à long terme demeure encore peu maîtrisable. Outre le peu de visibilité sur ces conventions et le risque de cannibalisation des ressources des investisseurs institutionnels, déjà sollicités sur d'autres fronts, le recours massif à ces financements innovants pourrait s'avérer contre-productif à long terme. D'où la nécessité d'instaurer un encadrement strict et d'accroître la transparence, essentiels pour que cette prouesse ne se transforme pas en gros échec. Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ECO