* Dans un lease-back, l'entreprise vend un matériel qu'elle détient dans ses livres comptables à un crédit-bailleur qui, lui, loue par l'intermédiaire d'un contrat de crédit-bail. L'entreprise devient donc locataire d'un matériel dont elle était précédemment propriétaire, mais bénéficie néanmoins d'une option d'achat sur ce matériel. * Outre le renforcement de la trésorerie de l'entreprise, le lease-back permet de conforter la situation bilancielle de la société. On lui prête la capacité de maquiller, en toute légalité, la réalité économique de l'entreprise. Dans le cycle de vie d'une entreprise, l'investissement représente la seule issue pour une entreprise voulant se développer et aller de l'avant. Et qui dit investissement dit financement. En ce sens, les entreprises sont toujours en quête de modes de financement à même de convenir le mieux à leurs besoins. Les organismes financiers l'ont d'ailleurs bien compris et proposent une palette très vaste de produits de financements qui conviennent aux différents besoins de l'entreprise, des plus simples et classiques aux plus complexes... dont le «lease-back». Une formule de financement ingénieuse mais très peu connue par les entrepreneurs et chefs d'entreprise. Le lease-back peut se définir comme étant une opération par laquelle une entreprise, propriétaire d'un bien corporel (machine, parc auto, immeuble ou autres), vend celui-ci à une société de leasing pour ensuite, immédiatement, reprendre l'usage de ce même bien par le biais d'un contrat de leasing mobilier ou immobilier selon la nature du bien;d'où le nom «lease-back». Cette opération s'apparente en fait très largement à un leasing «classique», à la différence près que le bien faisant l'objet du contrat était précédemment la propriété juridique du preneur et que ce dernier l'a expressément vendu au donneur de leasing pour pouvoir réaliser l'opération de leasing et reprendre l'usage du bien. «Le lease-back a cette particularité d'avoir deux intervenants au lieu de trois, à savoir le fournisseur du bien qui est lui-même le bénéficiaire du leasing et la société du crédit-bail qui achète le bien au preneur lui-même et le lui propose en location sous forme de crédit», indique un expert en la matière. «La réussite d'une opération de lease-back repose principalement sur sa justification économique et sur une bonne utilisation du cash généré par la cession de l'actif. Une utilisation à bon escient du lease-back constitue un levier de développement pour l'entreprise», ajoute notre expert. En effet, cette opération appelée en français «cession-bail» permet à l'entreprise de dégager des ressources financières importantes tout en pouvant récupérer son bien à terme, grâce notamment à l'option d'achat à terme que prévoit le contrat de leasing. Des considérations fiscales (plus-value sur le bien cédé, nouvelles capacités d'amortissement du bien au travers des loyers de crédit-bail, économie d'impôts ...) sont souvent prises en compte également dans ce genre de montage financier. En effet, le lease-back permet de faire sortir de l'actif de l'entreprise un bien totalement amorti. La charge d'amortissement s'étant éteinte, la redevance du leasing prend la relève et permet de gonfler les charges de la société, et partant, génère une imminente économie fiscale. Dans le cas d'un bien immobilier (le siège de la société par exemple), la durée du leasing peut aller jusqu'à 15 ans. Chaque année, la charge locative du bien viendra obérer les résultats de la société et, par ricochet, diminuer le montant de l'IS y afférent. Certains financiers trouvent que le lease-back est une excellente manière de « maquiller » les comptes de l'entreprise. Non seulement il permet de diminuer l'actif immobilisé de la société et, partant, améliorer son fonds de roulement, son équilibre financier ainsi que son ratio de solvabilité, il participe aussi à l'activation d'un certain levier financier qui, à son tour, optimise la structure fiscale de la société. Somme toute, le lease-back permet dans certains cas de conforter la santé financière de l'entreprise dans les comptes annuels alors que sa réalité économique est tout autre. Prenons l'exemple d'une entreprise qui traverse une période difficile, possède un siège d'une valeur marchande importante et qui, en même temps, est complètement amortie. En cédant le bien à la société de financement, celle-ci le sort de fait de son actif. Sur un plan purement financier, le lease-back lui permet, via le produit de la vente, d'améliorer significativement sa trésorerie. De même, sa capacité d'endettement s'accroît ainsi que sa solvabilité. En apparence, la situation financière de la société est nettement confortée par l'opération. De grandes entreprises ont eu recours à cette technique de financement pour rééquilibrer leurs comptes. La Comanav en fait partie. L'armateur marocain a développé un montage de lease-back en 2003. «Cette opération devait permettre à la compagnie de libérer immédiatement des ressources propres immobilisées dans les actifs par le renflouement de la trésorerie, d'améliorer sa situation bilancielle et de contribuer au financement de la croissance», avait expliqué Jamal Moukrim, responsable Planification stratégique à la Comanav, à un quotidien de la place. Dans ce cas précis, les sommes dégagées grâce au lease-back ont été plus assujetties à assainir une situation financière qu'à contribuer au développement de l'entreprise. Le lease-back peut-il donc masquer la réalité économique de l'entreprise ? D'après un analyste financier, le lease-back en soi n'est pas signe de mauvaise santé financière. Cependant, dans les comptes sociaux, il est indétectable puisqu'il ne fait que baisser la valeur des actifs sans qu'il y ait au niveau du passif une contrepartie. D'autant plus que dans le compte résultat, il apparaît comme une simple charge de crédit-bail, ce qui correspond au loyer mensuel payé par l'entreprise à la société de crédit-bail. Le lease-back peut donc parvenir à masquer les déboires de l'entreprise lorsque celle-ci ne présente pas de comptes consolidés. C'est pour cette raison, et dans le dessein d'accroître la transparence et la crédibilité de l'information financière, que les normes comptables et financières internationales (IFRS), contrairement aux normes comptables nationales en vigueur, imposent une approche différente dans l'analyse de cette situation. Or, très peu d'entreprises ou groupes marocains optent pour les référentiels comptables et financiers internationaux. Ne parlons pas des PME. En tout état de cause, lorsque l'entreprise n'utilise pas les normes comptables internationales, le lease-back apparaît comme une charge de location alors qu'il constitue un actif inscrit au bilan selon les normes internationales. Ainsi, si une entreprise fait face à des difficultés financières et qu'elle utilise le cash dégagé pour éponger ses dettes ou augmenter son résultat net, il est impossible de s'en apercevoir dans les comptes sociaux. Si ce sont les normes internationales qui sont prises en compte, le lease-back est neutralisé de manière à refléter la réalité économique et non juridique de l'entreprise. Or, chez nous, le juridique prime encore sur l'économique. Il vaut mieux en profiter alors !