Après trois ans d'un mandat marqué par des réformes ambitieuses et des crises sans précédent, Abdellatif Miraoui a transmis le flambeau à Azzedine El Midaoui, dans le cadre du remaniement ministériel. Ce passage de témoin entre deux universitaires chevronnés intervient à un moment clé pour l'enseignement supérieur, avec de nombreux chantiers restant à consolider. Un héritage chargé de défis En poste depuis octobre 2021, Abdellatif Miraoui a connu un mandat rythmé par des réformes ambitieuses, mais aussi des obstacles imprévus. L'un des moments marquants de son parcours a été la gestion de la crise des étudiants marocains bloqués en Ukraine après l'éclatement du conflit avec la Russie en 2022. Grâce à aux efforts déployés, 7.200 étudiants ont pu être rapatriés et réintégrés dans les universités nationales, un défi logistique salué par de nombreux acteurs du secteur. Juste avant son départ, Miraoui a également mis en place une initiative majeure, la Stratégie nationale des ressources éducatives libres (REL) et de la Science ouverte. Ce projet, aligné sur les recommandations de l'UNESCO et le Pacte ESRI 2030, vise à renforcer l'accès libre aux connaissances et à promouvoir une recherche scientifique plus collaborative. La mise en œuvre de cette stratégie sera un enjeu majeur pour son successeur. Toutefois, des dossiers sensibles n'ont pas encore trouvé de solutions durables, notamment la grève prolongée des étudiants en médecine, un problème que devra rapidement prendre en main son successeur. Un profil académique pour poursuivre les réformes Azzedine El Midaoui, ancien président de l'Université Ibn Tofail, hérite d'un secteur en mutation. Ayant conduit l'université à la première place des établissements africains et arabes dans plusieurs classements, El Midaoui est reconnu pour son approche innovante et sa gestion rigoureuse. Lors de la cérémonie de passation de pouvoirs, il a salué les efforts de Miraoui tout en affirmant sa détermination à poursuivre les réformes engagées, notamment celles relatives à la valorisation du capital humain. Hind Moutawakil, présidente de la Conférence des grandes écoles, dénombre plusieurs défis urgents qui attendent le nouveau ministre. «Il reste beaucoup à faire, notamment pour renforcer les partenariats entre le public et le privé, particulièrement dans la recherche scientifique où le financement fait défaut», a-t-elle déclaré. Selon elle, la digitalisation constitue également un chantier central. «Adopter les nouvelles technologies n'est plus un choix, mais une nécessité pour ouvrir nos salles de classe à une éducation globale et accessible», a-t-elle déclaré. Avec l'internationalisation de l'université marocaine comme priorité, El Midaoui devra naviguer entre modernisation des méthodes pédagogiques, intégration des compétences digitales et renforcement de l'employabilité des diplômés. Le secteur de l'enseignement supérieur national se trouve à un carrefour décisif. Comme le rappelle Hind Moutawakil, «pour que ces réformes aboutissent, il est essentiel de construire des ponts entre le public et le privé. L'innovation ne pourra naître que de la coopération». El Midaoui, avec son expertise académique et son pragmatisme, aura la lourde tâche de concrétiser ces ambitions, tout en assurant la stabilité nécessaire pour répondre aux revendications des étudiants et préparer le Maroc à relever les défis de demain.