Une belle histoire pour les petits et les grands, où deux frères de lait traversent la Méditerranée pour des aventures hautes en couleur à travers les cultures. Michel Ocelot est décidément un réalisateur de dessins animés des deux rives. Alors qu'il organise en fin d'année, à l'auditorium de La Seine musicale, en région parisienne, des cinés-concerts de son long-métrage "Azur et Asmar" (qui affichent déjà complets), l'Institut français de Casablanca en propose une projection le 20 octobre, à 11 heures. Michel Ocelot ne fait «jamais de films pour les enfants» Ce récit fantastique, désormais classique, s'adresse à toute la famille, à partir de six ans. Il commence au nord de la Méditerranée, au moyen âge, et narre l'histoire d'Azur, blond aux yeux bleus, fils du châtelain, et Asmar, brun aux yeux noirs, fils de la nourrice. Elevés comme deux frères, les enfants sont séparés brutalement. Mais devenu grand, Azur, marqué par la légende de la Fée des Djins que lui racontait sa nourrice, n'aura de cesse de la retrouver, au-delà des mers. Les deux frères de lait partent chacun à la recherche de la Fée. Rivalisant d'audace, ils iront à la découverte de terres magiques, recelant autant de dangers que de merveilles… Interrogé sur son choix de thèmes, Michel Ocelot précisait : «J'étais conscient depuis longtemps de l'intérêt de la brillante civilisation islamique du moyen âge, sur un immense territoire. En tant que Français, je considérais que je devais traiter d'abord du Maghreb. C'est en effet le plus gros des décors et costumes, mais j'ai joué avec toutes sortes d'éléments qui me plaisaient, de l'Andalousie à la Turquie, sans oublier un détour par la Perse.» Le réalisateur de "Kirikou et la sorcière", aux 30 prix internationaux, confiait aussi sa marque de fabrique : «Mon secret, c'est que je ne fais jamais de films pour les enfants, car les enfants n'ont rien à faire de films qui sont pensés uniquement pour eux ! Les enfants ont besoin d'apprendre le monde, de découvrir de nouvelles choses. Ils n'ont pas besoin de rester en territoire connu, ni d'avoir une compréhension immédiate. Mes films sont faits pour toute la famille et je suis ravi de réunir tout le monde. Il y a certaines choses que je ne dis pas crûment, parce qu'il y a des enfants dans le public, mais je dis tout.» Une bande-son de haut niveau La musique originale "d'Azur et Asmar" a été confiée à Gabriel Yared, compositeur et arrangeur français d'origine libanaise. Celui-ci écrit des musiques de film depuis le début des années 1980. En 1997, il a notamment obtenu un Oscar pour son travail sur "Le Patient anglais". Il a aussi écrit des musiques de ballet pour Carolyn Carlson et Roland Petit, et travaillé sur le film "Adieu Bonaparte" de Youssef Chahine. «J'ai entendu des orchestres orientaux pendant toute mon enfance, avec le son des ouds, des kanouns, des violons arabes et des naïs, ces flûtes de roseaux que l'on joue de côté. Tous ces instruments vivent encore dans ma mémoire», a confié le musicien. Et de continuer : «Tous les compositeurs de musique classique sont allés dans ce sens, que ce soit Debussy, qui a écrit "Children's corner" pour sa fille, ou Robert Schumann, qui a écrit "Les scènes d'enfants". Ils se sont tous intéressés aux enfants, qui ont cette formidable capacité de comprendre la musique, toutes les musiques, avant d'avoir été "formatés". Moi aussi, je suis très content de m'adresser aux enfants avec cette musique.» En plus du bonheur de croiser et d'approfondir les cultures, Gabriel Yared ajoute : «Ce film est tellement extraordinaire, sur le plan des images, du dessin et surtout sur le plan des sujets, qu'il n'a pas pris une seule ride. Je trouve que c'est un film non seulement salutaire, mais nécessaire, aux jeunes et à toutes les générations.» Le long-métrage était aussi la première incursion de son réalisateur dans les images digitales, ce qui lui donne un aspect bien particulier, non loin des jeux vidéos. Une esthétique faite pour séduire, là encore, petits et grands. Murtada Calamy / Les Inspirations ECO