Selon les dispositions du Projet de loi de finances 2024, l'investissement public enregistrera une progression de 11,6% par rapport à son niveau de 2023 fixé à 300 MMDH. On note que la persistance des inégalités entre régions continuent d'influencer la structure de l'activité économique entre territoires économiques. Dans un contexte de polycrises, comment évoluera la dynamique de l'investissement public au titre de l'année 2024 ? En se référant à la note qui accompagne le Projet de loi de finances 2024, les efforts budgétaires vont consacrer la poursuite de l'impulsion donnée à l'investissement public entre 2020 et 2023. Ainsi, l'enveloppe allouée au titre du PLF 2024 devra atteindre 335 MMDH, soit une progression de 11,6% par rapport à son niveau en 2023 fixé à 300 MMDH. Dans le détail, 103 MMDH proviendront du Budget de l'Etat, notamment le budget général, des comptes spéciaux du trésor et des services de l'Etat gérés de manière autonome (SIGMA). 152 MMDH seront mobilisés par les EEP (établissements et entreprises publics). 45 MMDH seront alloués par le Fonds Mohammed VI pour l'investissement, 20 MMDH par les collectivités territoriales, auxquels s'ajoute une enveloppe de 15 MMDH du Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre ayant touché le Maroc. Evolution sensible Globalement, le volume de l'investissement public entre 2020 et 2024 s'est amélioré au niveau régional, passant de 198 milliards de dirhams en 2020 à 230 MMDH en 2021 avant de progresser à 245 MMDH en 2022 et à 300 MMDH en 2023 contre un montant prévu de l'ordre de 335 MMDH à l'horizon 2024. En vertu des orientations actuelles, l'investissement public concernera les principaux secteurs d'intervention de l'Etat, notamment la santé et la protection sociale, l'éducation, la formation, l'habitat, sans oublier la poursuite du développement des infrastructures, l'énergie, ou encore l'agriculture. Inégalités persistantes entre les régions En termes de dynamique de croissance régionale, la note sur la répartition régionale de l'investissement souligne qu'il est essentiel de rechercher une plus grande efficacité des investissements publics au niveau régional surtout avec l'opérationnalisation de la Charte d'investissement, et compte tenu de la persistance des inégalités entre régions qui continue d'influencer la structure de l'activité économique. Dans ce sens, l'analyse de la structure régionale du PIB nominal montre que la région de Casablanca-Settat a réalisé la part moyenne la plus importante du PIB, aux prix courants, durant la période 2014-2021, soit 32,2%. Elle est suivie par les régions de Rabat-Salé-Kénitra (16%) et de Tanger-Tétouan-AI Hoceima (10,5%). Ces trois régions totalisent 58,7% du PIB national, ce qui souligne l'importance de consacrer plus d'efforts à la quête d'une meilleure inclusion spatiale. Ceci, d'autant plus que les dynamiques de croissance territoriales sont observées ces dernières années sont portées essentiellement par les régions en dehors de la dorsale Tanger-EI Jadida. En termes de rythme de croissance nominale, ce sont les régions à faible contribution qui révèlent les trajectoires les plus dynamiques, avec des taux de croissance plus élevés que la moyenne nationale (2,8%) sur la période 2014-2021. C'est notamment le cas pour les régions de Laâyoune-Sakia El Hamra (9,3%), de Dakhla-Oued Ed-dahab (6,3%), de Guelmim-Oued Noun (5,9%), de Drâa-Tafilalet (4,9%) en plus de l'Oriental (3,8%). PIB nominal/Habitant : 5 régions supérieures à la moyenne nationale Par ailleurs, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, classée parmi les trois régions contribuant le plus à la création de richesse à l'échelle nationale, enregistre un taux de croissance de 4,3% supérieur à la moyenne nationale, grâce aux initiatives déployées dans cette région appelée à devenir la nouvelle plateforme industrielle et commerciale du pays. Ces nouvelles dynamiques contribueraient à résorber les inégalités de la répartition des richesses au niveau territorial, alors que 5 régions sur 12 ont affiché un PIB nominal par habitant supérieur à la moyenne nationale (32.759 DH/habitant) sur la période 2014-2021. Il s'agit de Dakhla-Oued Eddahab (83.520), de Laâyoune-Sakia El Hamra (51.674), de Casablanca-Settat (51.506), de Rabat-Salé- Kénitra (38.666) et de Guelmim-Oued Noun (37.146). En termes d'évolution, la région de Laâyoune-Sakia El Hamra a enregistré la croissance la plus significative du PIB par habitant au cours de la période 2014-2021, affichant un taux annuel moyen de 7,8%. Elle est talonnée par la région de Guelmim-Oued Noun qui a enregistré (5,4%). Drâa-Tafilalet (4,3%) complète le podium. Viennent ensuite les régions de Rabat-Salé-Kénitra (3,7%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (3,1%). Parallèlement, les régions de l'Oriental, de Casablanca-Settat et de Dakhla-Oued Ed-dahab ont enregistré des rythmes de croissance de PIB par habitant respectifs de 2,7%, 2,6% et de 2,4%, soient des niveaux très proches de la moyenne nationale (2,5%). En revanche, la région de Marrakech-Safi a enregistré une croissance de 0,7%, suivie des régions de Souss-Massa avec 1,2%, de Fès-Meknès avec 1,2% et de Béni Mellal-Khénifra avec 1,9%. Ces tendances différentiées suggèrent selon la note un processus de convergence entre les régions, avec une croissance plus marquée dans les régions à faible contribution au PIB et un relatif essoufflement des pôles traditionnels. Valeurs ajoutées régionales : trois régions captent l'essentiel Par ailleurs, l'analyse de la configuration sectorielle des valeurs ajoutées régionales, aux prix courants, fait ressortir que trois régions figurent aux premiers rangs en termes de contribution à la valeur ajoutée des trois grands secteurs d'activité, en l'occurrence Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Il va sans dire que la région de Rabat-Salé-Kénitra a réalisé la part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée primaire durant la période 2014-2021, soit 16,9% de la valeur ajoutée nationale du secteur. Quant à la région de Fès-Meknès, elle s'est positionnée au deuxième rang avec une moyenne de 15,5%, suivie par les régions de Casablanca-Settat (13%), de Marrakech-Safi (11,4%), de Souss-Massa (9,9%), de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (9,3%) et de Béni Mellal-Khénifra (9,2%). Ces sept régions totalisent 85,1% de la valeur ajoutée nationale du secteur primaire, aux prix courants. S'agissant des activités secondaires, la région de Casablanca-Settat a réalisé la part moyenne la plus importante de la valeur ajoutée secondaire nationale aux prix courants, durant la période en question à hauteur de 45,5%. La région de Tanger-Tétouan-AIl Hoceima se positionne à la deuxième place avec une part de 13,3% suivie par les régions de Rabat-Salé-Kénitra (9,6%) et de Béni Mellal-Khénifra (6,6%). A l'instar du secondaire, la contribution moyenne la plus importante du tertiaire revient à la région de Casablanca-Settat à hauteur de 30,4% durant la période 2014-2021, suivie par les régions de Rabat-Salé-Kénitra (19,1%), de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (9,8%), de Marrakech-Safi (8,9%) et de Fès-Meknès (8,1%). Yassine Saber / Les Inspirations ECO