La rentrée universitaire 2023-2024 a été marquée par une série de réformes visant les masters, licences et doctorats en vue de réaliser un saut qualitatif en matière d'apprentissages et de performance du système dans son ensemble. Chaque année, les universités marocaines, publiques et privées, forment des milliers de ces pépites que s'arrache le monde entier si elles ne sont pas embauchées par les entreprises nationales dès l'obtention de leur précieux diplôme. Aujourd'hui, le Royaume veut aller plus loin et se donne comme mission de devenir une grosse «fabrique» de compétences. Pour atteindre cet objectif, l'Exécutif a lancé cette année des réformes pour le moins ambitieuses. En effet, les nouvelles dispositions prévues par le décret n°2.23.668 fixant la vocation des établissements universitaires, les cycles des études supérieures, ainsi que les diplômes nationaux correspondants, entrent en vigueur à partir de l'année universitaire 2023-2024, pour les filières de licence et de doctorat, et à partir de l'année universitaire 2024-2025 pour celles de master. Elles prévoient des changements importants dans le paysage universitaire marocain. Ainsi, les diplômes de «Licence professionnelle» et de «Licence fondamentale» sont désormais appelés «Licence» tout court, contrairement à la «Licence en Education», dont l'appellation demeure inchangée. S'agissant du «Master spécialisé», sa nouvelle appellation sera seulement «Master». Un parcours étudiant repensé La réforme s'étend également au parcours de l'étudiant, y compris les activités pédagogiques, scientifiques, culturelles, artistiques et sportives, et prévoit par ailleurs des doctorats de nouvelle génération. Quels seront les impacts et les enjeux de ces réformes universitaires ? Pour le gouvernement, le nouveau modèle pédagogique universitaire vise à améliorer le système LMD (Licence, master, doctorat) pour consacrer la place de l'université en tant qu'espace essentiel de production de la connaissance et de développement des compétences des jeunes, et pas seulement un espace pour préparer les diplômés au marché de l'emploi. En juin dernier, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch expliquait déjà que ces nouveautés se traduisent par le renforcement des modules de formation et l'introduction de nouveaux modules professionnels pour leur mise en adéquation avec les exigences du tissu économique. Il avait ajouté que les filières communes de licence, n'ayant pas connu de changement depuis près de 20 ans, ont été révisées et mises à jour en vue de créer un tronc commun en informatique. S'agissant de la mise en œuvre de cette réforme, l'organisation pédagogique du cycle de licence a été repensée et plusieurs nouveautés ont été adoptées en vue de réaliser un saut qualitatif en termes de qualité des apprentissages et de performance du système dans son ensemble, avait indiqué le Chef du gouvernement. Akhannouch a souligné que ces nouvelles mesures concernent également le développement des compétences linguistiques en maîtrisant la langue d'enseignement et en promouvant l'ouverture aux langues, dont l'apprentissage se fera par le biais de plateformes numériques, avec l'obligation de certification en langues étrangères en vue d'obtenir le diplôme. Des ponts flexibles Il s'agit aussi du renforcement des compétences numériques grâce à la généralisation des modules numériques et de l'intelligence artificielle, la création de centres spécialisés ouverts à tous les étudiants, ainsi que l'introduction de module de formation en compétences cognitives, notamment grâce à des plateformes numériques et à des cours en ligne, afin de renforcer les softs skills et les compétences personnelles, selon les explications du Chef du gouvernement. Dans le même contexte, Akhannouch a indiqué que des ponts flexibles seront mis en place entre les différentes filières, spécialités et institutions, outre l'adoption du système de validation des crédits en vue de permettre une flexibilité dans l'orientation et le changement de parcours d'études. Ainsi, les étudiants pourront bénéficier d'opportunités de poursuivre leurs études en cas de difficultés, tout en prenant en compte les compétences et les connaissances acquises pendant leurs études universitaires. Le Chef du gouvernement a indiqué que, pour atteindre l'excellence académique, plusieurs mesures sont prévues dans le cadre de ce nouveau modèle, notamment la mobilisation de 600 millions de DH pour le lancement du programme national d'appel d'offres aux projets de recherche portant essentiellement sur des questions liées à la souveraineté nationale et ouvrant des postes aux étudiants-doctorants. Ces mesures prévoient également la mobilisation de 1.300 bourses au profit des doctorants pour la mobilité internationale, inter-universitaire et entre l'université et les entreprises. Il s'agit aussi du renforcement du financement dans le cadre des programmes internationaux de recherche scientifique Prima et Horizon Europe, entre autres, outre l'incubation de 60 projets dans le cadre du Programme national de promotion et d'innovation à l'horizon 2023, pour atteindre 100 projets incubés. S'ajoute à cela le dépôt de 40 brevets supplémentaires de la part des universités, à fin 2023, pour atteindre 200 brevets déposés et la création de deux nouvelles cités de l'innovation à la fin de l'année en cours. Par ailleurs, il a souligné la nécessité de diplômer une nouvelle génération de doctorants, aux normes internationales, capable de mener des recherches innovantes dans les domaines de priorité nationale, indiquant que, dans un premier temps, un programme de formation annuelle de 1.000 doctorants-enseignants sera lancé, ce qui permettra d'offrir une source de compétences capable de renouveler le corps enseignant qui connaîtra un important taux de départ à la retraite dans les années à venir. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO