Une étude d'impact réalisée à mi-parcours montre que Tamwilcom est à 450 startups financées, alors que l'objectif initial était de 300 en cinq ans. Comment cela a été possible ? En règle générale, il va falloir que chaque acteur innove dans ses actions concrètes sur le terrain et son modus operandi. Si les TPME ont du mal à se faire financer par les banques, que dire alors des startups? Sur le sujet, Hicham Zanati Serghini, DG de la Société nationale de garantie et de financement de l'entreprise (Tamwilcom) a sa petite idée sur la complexité du rapport banques/startups. «Personnellement, je ne pense pas que le crédit bancaire soit réellement le financement idoine pour les startups. Généralement, quand vous avez une entreprise innovante, vous êtes dans un modèle économique disruptif. En face, la banque dispose de deux leviers : le taux et les sûretés. Elle a pour habitude de financer des projets éprouvés pour lesquels elle arrive à identifier ses risques. Et donc, le financement bancaire classique n'est pas adapté. C'est pour cela qu'on essaue, dans tous les pays, de mettre en place des produits spécifiques aux startups. Quand on est arrivé, il y avait une faille de marché sur le financement des startups. Il n'y avait pas d'offre. Nous sommes partie d'une feuille blanche, en essayant de créer, avec les autres acteurs, une dynamique de startups et de construire également un écosystème, chose que nous avons réussi à faire. L'étude d'impact réalisée à mi-parcours montre que nous sommes à 450 startups financées, alors que notre objectif était de 300 startups en cinq ans. Nous sommes donc au-delà de l'objectif fixé initialement», explique le dirigeant. Tout ceci traduit l'ensemble de la dynamique qui a été créée. De deux ou trois acteurs qui intervenaient, on en est actuellement à 16. Sur le marché, cela a créé des initiatives. Aujourd'hui, vous avez une soixantaine d'intervenants (incubateurs, accélérateurs et autres pour soutenir cette population. Sur 450 startups, près de 100 ont réussi à lever des ressources en deuxième phase. Vous en avez également une dizaine qui ont des Fonds d'investissement et des investisseurs dans leur tour de table. Ce qui permet à ces entreprises de grandir. En somme, l'idée de faire un continuum de financement a permis de créer la dynamique actuelle. Et pourquoi pas accompagner des moyennes entreprises dans leur ambition à l'international ? Après avoir réussi sur son marché national, la TPME aspire naturellement à conquérir de nouveaux marchés à l'international, que ce soit en Europe, en Asie ou en Afrique, notamment subsaharienne, où les entreprises marocaines ont bonne presse. «Aller à l'international est quelque chose qui s'impose aujourd'hui, compte tenu de l'ouverture des marchés. Là aussi, on a besoin d'être accompagné», explique Mohamed Ali Tazi, Ceo de HMI. Sur ce volet, pour ce qui est des entreprises qui veulent commercialiser leurs produits à l'étranger, donc faire de l'export, le secteur bancaire peut adosser la garantie de Tamwilcom à tout ce qui existe comme produit dédié. Pour ce qui est d'aller s'implanter à l'international, Hicham Zanati Serghini explique que c'est une option sur laquelle travaille Tamwilcom, «mais bien sûr, nous devons rester sur le risque pris par les banques marocaines. Puisque notre objectif n'est pas de prendre du risque à l'international. Et vu que les banques marocaines sont bien implantées à l'international, l'idée de pouvoir demain accompagner des Moyennes entreprises dans leur cycle de développement et leur ambition à l'international est une très bonne chose». Des progrès restent à faire par les banques pour mieux adresser le tissu des TPME Le tissu des TPME doit être mieux adressé par les banques qu'il ne l'est aujourd'hui. Tel est le souhait de tous (banques, institutionnels, Tamwilcom, entreprises). Pour commencer, et si les banques s'appliquaient à mettre en front office des collaborateurs plus appétants à répondre aux questions relatives aux lignes de financement. Sinon, comment expliquer le déficit d'information constaté chez le personnel de plusieurs agences bancaires en front desk ? Comment expliquer que plusieurs banquiers en front desk ne soient pas suffisamment renseignés sur les outils de financement qu'offre la banque dans laquelle ils travaillent, alors que ce sont ces derniers qui devraient capter le moindre projet bancable ? Ce constat peut sembler aberrant, mais cela n'est pas un cas isolé. Il est même fréquent, notamment dans les localités reculées et les petites villes. Selon Saad Hamoumi, Fondateur et DG du cabinet Havard consulting, «il va falloir sensibiliser et former le personnel du front desk pour remédier à ce problème». À défaut de mettre en front office des collaborateurs plus appétants à répondre aux questions relatives aux lignes de financement, une expérience en cours dans les agences BMCI de Rabat-Salé-Kenitra mériterait d'être suivie de prêt. «Nous mettons nos directeurs d'agences le plus proche possible de l'entrée de l'agence. Quand le porteur de projet arrive et que la personne au guichet a quelques difficultés à répondre, celui-ci peut ainsi intervenir en renfort», explique Bernard Labous, directeur du Retail Banking à la BMCI. Plusieurs éléments expliquent ce fossé en termes de réactivité vis-à-vis de sujets liés à l'innovation, le digital… Cela s'explique par le fait que quand une recrue intègre le système bancaire, elle n'est pas obligatoirement formée sur les sujets digitaux, d'innovation… Pour combler ces lacunes, de plus en plus de banques créent en interne des «Lab d'innovation». Ce qui permet à leurs collaborateurs de travailler sur des sujets nouveaux. Les banques peuvent ainsi partager sur ces thèmes avec leurs équipes et améliorer leutr niveau de qualification.