Le projet de loi de finances 2018 (PLF 2018) prévoit un nouveau mode de financement dédié aux startups innovantes dans les domaines des nouvelles technologies. 2018 sera bénéfique pour les startups nationales. En plus de la multiplication des événements et clusters (Hub Africa, Devoxx, Numa...) dédiés à l'entrepreneuriat, le PLF 2018 mobilise des mesures au profit des porteurs de projets. Parmi les nouvelles mesures visant à renforcer la situation financière des startups, celles de permettre aux entreprises souhaitant investir dans les projets innovants à hauteur de 200.000 dirhams. Cette initiative permettra aux investisseurs de réaliser des économies fiscales sur leur résultat net annuel. Dans ce sens, le Fonds Innov Invest a été officiellement lancé le 30 octobre dernier à Rabat. Ce Fonds a pour mission d'apporter un appui financier, ainsi qu'un accompagnement aux porteurs de projets innovants. Le Fonds Innov Invest mobilise près de 700.000.000 dirhams, dont 300.000.000 dirhams de la Caisse Centrale de Garantie (CCG), et 400.000.000 dirhams d'investisseurs nationaux et internationaux. Toutefois, il est à noter qu'afin de profiter de cette initiative, les startups doivent avoir au moins 5 ans de présence et dont le chiffre d'affaires au cours des quatre derniers exercices ne dépasse la somme de 5 millions de dirhams. Hicham Zanati Serghini, directeur général de la CCG. Afin d'avoir plus de réponses quant à ce sujet, H24Info s'est entretenu avec Hicham Zanati Serghini, directeur général de la CCG.
H24Info : que pouvez-vous nous dire sur le nouveau mécanisme de financement, prévu par le PLF 2018, au profit des jeunes startups opérant dans l'IT ? Hicham Zanati Serghini : l'importante mesure précitée traduit l'intérêt porté par l'Etat au soutien de l'entrepreneuriat et surtout des startups, en raison de leur rôle qui n'est plus à démontrer en matière de progrès technologique et de contribution au développement local et régional comme il ressort des expériences des pays avancés dans ce domaine. Cette mesure aura un impact très positif sur la mobilisation de l'épargne en faveur des startups innovantes. Quels sont les critères nécessaires pour bénéficier du financement du Fond Innov Invest ? Pour bénéficier des interventions du Fonds Innov Invest, les projets doivent être innovants et présentés par des personnes physiques ou des startups en création ou ayant moins de 5 ans. La qualification et la validation du caractère innovant s'opèrent dans le cadre d'un processus initié par les acteurs de l'écosystème avec lesquels la CCG a développé des partenariats et dont les contacts sont affichés sur le site web de la CCG. Mis à part les économies fiscales, quel gain ont les entreprises à participer financièrement dans des startups ? En général, l'objectif principal de tout investisseur dans des startups est de participer financièrement au développement d'entreprises innovantes à fort potentiel de croissance et de réaliser, in fine, des plus-values lors de cession de ses titres, outre les dividendes perçus éventuellement. Au-delà de ces considérations financières, certains investisseurs cherchent également à développer des synergies avec ces startups. D'autres institutionnels visent à travers ces prises de participation à contribuer au développement entrepreneurial, et ce, dans une démarche citoyenne et de RSE. Que pouvez-vous nous dire sur les deux startups qui ont déjà bénéficié d'un financement de la CCG à la date du 15 décembre ? Les deux startups bénéficiaires du financement «Innov Idea» ont été retenues suite à un appel à projets et un processus de sélection avec notre partenaire LaFactory. L'une intervient dans la fintech et l'autre dans les TI. Ces deux startups sont en création et ont déjà réussi à décrocher leur première commande. Elles sont accompagnées dans leur phase de création par la Factory. Il s'agit donc des premiers financements qui inaugurent le lancement effectif de la production par la CCG au titre des instruments de financements prévus par le Fonds Innov Invest. L'année 2018 sera plus fournie avec le lancement des appels à projets par les différentes structures labellisées par la CCG qui, outre laFactory, comprend : R et D Maroc, Cluster solaire, Impact Lab, Réseau (Numa) Entreprendre Maroc et StartUp Maroc. Est-ce que vous portez votre attention uniquement sur les startups opérant dans les nouvelles technologies ? L'intervention de la CCG au titre du Fonds Innov Invest, couve non seulement le secteur des nouvelles technologies (NTIC), mais aussi les autres secteurs d'activité et qui sont également ciblés par les interventions de la CCG et ce, tant que les projets objets des demandes de financement portent sur l'innovation. À ce titre, je tiens à préciser que l'innovation est appréhendée dans son sens large. Elle correspond à la mise en œuvre d'un produit (bien ou service) ou d'un procédé nouveau ou amélioré, d'une nouvelle méthode de commercialisation ou d'une méthode organisationnelle. Ainsi, il peut s'agir d'une innovation de rupture ou d'une innovation d'adaptation. Que pouvez-vous nous dire sur le rôle des startups dans la redynamisation du marché de l'emploi au Maroc ? Des études menées par des institutions internationales ont démontré l'accroissement du rôle des startups et des TPME d'une manière générale en matière de création d'emploi et de dynamisation de la croissance économique. Ainsi, selon une étude de la Banque mondiale, plus de 30 % des emplois créés par le secteur privé sont réalisés par les TPME. Par ailleurs, les startups sont généralement caractérisées par un potentiel de développement plus important que les TPME classiques. Ce qui explique leur potentiel en termes de création d'emplois.