Expert en blockchain et cryptomonnaie Les cryptomonnaies, notamment le bitcoin, battent des records depuis la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Actuellement, le bitcoin approche la barre du million de dirhams. Mais les Marocains s'y intéressent-ils ? Qu'en est-il de la réglementation ? Eléments de réponse… Sentez-vous de l'engouement de la part des Marocains pour les cryptomonnaies et notamment les bitcoins ? Oui, il y a un fort engouement au Maroc pour les bitcoins. Le Royaume a toujours été placé parmi les grands pays de cryptomonnaies en Afrique et dans la région MENA, comme en témoignent des rapports qui sont la référence dans l'analyse des données liées aux cryptomonnaies. L'année dernière, on était classé 27e à l'échelle mondiale, après une 22e place en 2022. Le Maroc aurait ainsi reçu environ 12,7 milliards de dollars en cryptomonnaies, ce qui est énorme. C'est l'un des pays les plus actifs dans l'univers des cryptomonnaies. Et cela, on peut le comprendre facilement. Le pays dispose d'une infrastructures digitale avancée et d'une jeunesse très attachée à tout ce qui est Tech. Par conséquent, je crois que c'est tout à fait logique de constater cet engouement pour les cryptomonnaies. Comment évolue au Maroc l'aspect réglementaire relatif aux monnaies virtuelles ? La réglementation évolue d'une façon très lente, avec un décalage, et même un déphasage, par rapport aux progrès mondiaux. Nous avons vu que plusieurs pays sont en train de se positionner sur le marché des cryptomonnaies, mais pour le Maroc, nous constatons malheureusement une position très ambigüe. Il n'y a ni une autorisation claire, ni une interdiction claire. Et malgré les annonces de Bank Al-Maghrib depuis deux ou trois ans, nous n'avons rien sur la table. C'est un projet très lent. En quoi l'arrivée de Donald Trump pourrait-elle changer la donne ? Je crois qu'avec l'arrivée de Donald Trump, les choses vont s'accélérer. On parle de l'éventualité de construire une réserve nationale des cryptomonnaies aux Etats-Unis. Cela va sûrement secouer le monde financier international et faire évoluer la réglementation. Au Maroc, Bank Al-Maghrib a toujours pris les Américains comme exemple. J'espère qu'avec ces changements attendus du côté des Américains, nous pourrons nous attendre à voir la même chose dans le Royaume. C'est compréhensible, car notre banque centrale ne maîtrise pas ces sujets-là. Ils doivent s'entourer d'experts qui connaissent le contexte marocain. Aujourd'hui, ils sont plus assistés par des experts de la Banque mondiale ou du FMI, qui ont une approche plutôt globale. J'espère malgré tout que d'ici l'année prochaine, nous pourrons commencer à voir se concrétiser ce projet de réglementation. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO