Il a été souligné lors d'une récente rencontre de «Eco Décodages» La TPME occupe une place prépondérante dans le paysage économique national. «Quand vous regardez le tissu économique marocain, il est composé à 99% de TPME», affirme d'emblée Hicham Zanati Serghini, DG de Tamwilcom, lors de la rencontre «Pourquoi faut-il financer la TPME ?» dans le cadre du cycle de conférences «Eco Décodages» organisée par Horizon Press le 10 novembre 2022. Cette rencontre a été l'occasion de braquer les projecteurs sur les défis auxquels sont confrontés les porteurs de projets et les moyens à mettre en place pour assurer leur accompagnement. Diagnostic Au cours de son intervention, le DG de Tamwilcom a fait un état des lieux sur les TPE, les PME et les grandes entreprises au Maroc. Il a expliqué que le Maroc compte actuellement 600.000 entreprises (y compris les personnes physiques et les autres entrepreneurs). «Ce qui est très peu pour un pays qui a des ambitions», indique-t-il. Sur l'ensemble du tissu économique, les PME représentent environ 18.000 entreprises seulement alors que les grandes entreprises se chiffrent quant à elles à près de 1.300 entités. Pour surmonter les dysfonctionnements actuels, il faut renforcer en bas de l'échelle la TPE. Dans ce schéma, Hicham Zanati Serghini rappelle par ailleurs que le secteur de l'informel échappe aux statistiques dédiées aux entreprises. Pour lui, il est également nécessaire de densifier la PME dans le tissu économique national notant que celle-ci joue un rôle central entre les TPE et les grandes entreprises. Sur un autre volet, il souligne qu'en termes de structures financières, les fonds propres des entreprises ne représentent que 28% en moyenne. «Quant on compare avec des pays plus avancés que nous, ce taux est entre 30 et 50%. Mais ce qui fait un peu l'originalité au Maroc c'est qu'il y a un poste intitulé la dette aux associés (les emprunts que font les associés à l'entreprise) qui représente quelque chose comme 28%», souligne Hicham Zanati Serghini déduisant ainsi que l'entrepreneur marocain préfère être le créancier de son entreprise. Pour ce qui est des dettes commerciales, elles représentent entre 20 à 25% du passif. «Les délais de paiement ne sont pas innocents puisqu'on comprend aujourd'hui qu'une des sources de financement des TPME est le crédit commercial», précise-t-il. Ainsi, les crédits inter-entreprises représentent une autre source de financement. «Paradoxalement, le financement bancaire n'est pas aussi présent comme c'est le cas dans d'autres pays plus développés puisqu'il représente près de 27%. Ce qui montre qu'il y a encore de la place pour pouvoir financer la TPME de manière globale». Le tissu économique marocain est composé essentiellement de micro-entreprises et de TPE. Par secteur, il explique que ces entreprises sont principalement présentes dans le commerce ou encore le BTP. «La dynamique qu'on doit prendre au Maroc est celle de créer davantage d'entreprises et passer des entreprises du formel vers l'informel», relève-t-il. L'accompagnement avant le financement Pour sa part Saad Hammoumi, fondateur et DG du cabinet Harvard Consulting, estime que l'accompagnement et le renforcement des connaissances sur le marché sont les principaux moteurs de développement pour les entreprises, notamment les plus petites. L'expert considère que «les entreprises qui font les choses dans les règles n'ont pas de problèmes de financement». Lors de son intervention il a mis l'accent sur le besoin d'accompagnement et le renforcement de la communication sur les mécanismes d'appui. Pour lui il est également essentiel d'instaurer la confiance avec les institutions afin d'encourager les entrepreneurs à passer de l'informel au secteur formel. Saad Hammoumi a également mis en lumière la fragmentation actuelle des leviers disponibles dédiés à l'entrepreneuriat. Le DG du cabinet Harvard Consulting a par ailleurs pointé du doigt le choix de l'entrepreneuriat comme un point de chute pour de nombreux jeunes. «Entreprendre c'est aussi commencer à être sensibilisé à l'entrepreneuriat très jeune», argumente-t-il. Et de poursuivre : «On ne devient pas entrepreneur par défaut et là aussi il y a quelque chose à faire». De son côté, Bernard Labous, directeur Retail Banking de la BMCI, a mis en avant le suivi et l'accompagnement. Le processus de sensibilisation se construit depuis l'école. «Il y a beaucoup de business schools où il y a des filières d'entreprenariat et aujourd'hui ce sont des filières privilégiées par les étudiants». Selon lui, beaucoup d'acteurs doivent participer à cet élan. Ayant fait partie du réseau Entreprendre France, Bernard Labous explique : «Si en amont on est avec les créateurs d'entreprises, il y a de fortes chances de réussite». Il est revenu sur les différents moyens d'accompagnement assurant que le financement est la dernière étape. «Le financement arrive quand on croit au projet», indique-t-il.