Les conditions de travail des enseignants du cycle supérieur diffèrent d'un segment à l'autre. Néanmoins, des efforts d'amélioration restent globalement nécessaires. Si certains établissements d'enseignement supérieur se donnent les moyens pour sortir du lot, globalement, les conditions de travail du personnel enseignant des universités publiques et privées ne sont pas des meilleures au Maroc. Se retrouver par exemple avec une classe en sureffectif ou en sous-effectif pose problème dans les deux cas, témoigne Hind Benkirane, professeur de marketing, doctorante, chercheuse et consultante en ingénierie de formation. Si les universités publiques ont tendance à opter pour les salles de cours de grande taille afin de maximiser les scénarios pédagogiques possibles, selon l'experte, ce choix est souvent source de démotivation et d'épuisement de l'enseignant. Dans les établissements privés, c'est souvent l'inverse qui se produit. Cependant, le peu d'effectif engendre une absence de dynamique de groupes et les résultats sont moins challengeants. À cela s'ajoute parfois le manque de matériel didactique et pédagogique qui rend les conditions d'apprentissage difficiles alors que les réformes des programmes sont liées en grande partie à l'utilisation des nouvelles technologies. Globalement, le métier d'enseignant n'a pas eu la place qu'il aurait dû avoir dans les politiques de réforme. Ceci est valable tant pour l'enseignement primaire, secondaire que supérieur car même s'il y a une volonté exprimée clairement par les politiques publiques pour l'amélioration du statut de l'enseignant et de ses conditions de travail (physiques et matérielles), les programmes changent constamment et l'enseignant ne sait plus sur quel pied danser, estime la doctorante, chercheuse et consultante en ingénierie de formation. Toutes ces conditions délicates, poursuit-elle, poussent certains enseignants à changer parfois de carrière alors que les départs massifs à la retraite se multiplient dans ce contexte de grand manque en capital humain qualifié. Dès lors, il est alors impératif d'assurer la formation des enseignants sur les dernières techniques pédagogiques à l'image de ce qui se fait dans les pays développés pour diminuer le gap et renforcer les acquis des apprenants. La Vision stratégique de la réforme 2015-2030, qui insiste sur la «professionnalisation des acteurs éducatifs» et fait de la «rénovation des métiers de l'enseignement et de la formation» un des principaux axes de la réforme, va dans ce sens et offre une nouvelle opportunité pour enclencher les réformes nécessaires. Des promesses de réformes qui ne suscitent pas encore un enthousiasme généralisé parmi la communauté enseignante. Il était attendu une revalorisation des indemnités des enseignants chercheurs, allant de 2.000 dirhams pour les professeurs assistants jusqu'à 4.000 dirhams pour les professeurs d'enseignement supérieur et 3.000 dirhams pour les professeurs habilités. Aujourd'hui, les principaux intéressés se disent déçus du retard pris dans ce dossier. Néanmoins, il faut noter que les professeurs de l'enseignement supérieur, les professeurs habilités et les professeurs-assistants perçoivent, outre le traitement afférent à leurs grade et échelon, une allocation de recherche et une allocation d'encadrement. Ces allocations sont payables mensuellement et à terme échu et sont exclusives de toutes autres indemnités, primes et avantages de quelque nature que ce soit, à l'exception des prestations familiales, des indemnités représentatives de frais et des indemnités pour heures supplémentaires. Depuis juillet, il a été annoncé l'élaboration d'un nouveau statut pour le personnel des universités. Une information finalement démentie par la tutelle dans un communiqué officiel. Hind Benkirane Professeur de marketing, doctorante, chercheuse et consultante en ingénierie de formation
Le métier de l'enseignement doit pouvoir être pratiqué dans un cadre adéquat afin de rendre le vécu de l'enseignant plus agréable et optimiser son rendement. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO