La force distinctive d'une école ou d'une université réside tant dans l'excellence de son modèle pédagogique que dans la qualité de ses enseignants. Pour se démarquer et offrir à leurs étudiants une éducation inclusive compétitive et des formations adaptées, les établissements supérieurs rivalisent d'attractivité pour capter les meilleurs talents dans un contexte de pénurie de ressources humaines qualifiées. C'est une guerre sans merci que se livrent les facultés, classes préparatoires, grandes écoles, instituts supérieurs, établissements de formation de cadres pédagogiques et de techniciens spécialisés, dans un contexte de pénurie aiguë en personnel enseignant. Les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation sont inquiétants. D'ici 2030, 4.744 professeurs universitaires partiront à la retraite, les filières scientifiques et techniques étant les plus touchées. Aujourd'hui, la tutelle tente de trouver la relève. C'est tout le sens, d'ailleurs, des assises régionales du Plan national d'accélération de la transformation de l'écosystème de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation (PACTESRI 2030). Sous le thème «Ensemble pour un nouveau modèle de l'université marocaine», ces concertations tirent leur essence des recommandations du Nouveau modèle de développement (NMD) et s'appuient sur les priorités fixées dans le cadre du programme gouvernemental 2021-2026, notamment dans son volet lié à la valorisation du capital humain. Aujourd'hui, il est plus urgent que jamais de se pencher sur la préparation d'un capital humain qualifié, capable de répondre aux exigences des secteurs productifs en termes de compétences et d'expertises afin de soutenir la compétitivité de l'économie nationale et conforter l'attractivité des investissements étrangers. L'objectif étant également de renforcer les valeurs de cohésion sociale et la consolidation des fondements de la coexistence comme l'un des principaux affluents du développement inclusif et durable, soutient la tutelle. Les racines du mal En attendant, intéressons-nous aux origines du phénomène qui ne concerne pas seulement l'enseignement supérieur public. Depuis le protectorat, toutes les réformes engagées par les différents gouvernements ont échoué, comme le regrettent plusieurs spécialistes pour qui le classement du Maroc dans les classements mondiaux ne s'est guère amélioré. D'aucuns sont convaincus, d'ailleurs, que cet «échec» est révélateur d'une méconnaissance totale du métier d'enseignant que l'on définit encore principalement comme transmetteur de connaissance. Or, l'enseignement ne peut évoluer pour répondre aux besoins de la société sans la revalorisation de son acteur principal, l'enseignant. Ce dernier mérite d'être placé au centre des préoccupations des décideurs, car il en va de l'avenir de la nation toute entière, comme le rappelle Khalid Karbaoui. Selon le spécialiste en développement personnel et orientation et docteur en entrepreneuriat, un enseignant brillant doit être doté de nombreuses qualités psychologiques, mais aussi d'aisance relationnelle et communicationnelle, d'affirmation de soi ainsi que de qualités d'adaptation aux changements de l'environnement, des pédagogies, des technologies et aux différentes générations. Cependant, avec les évolutions récentes, la tentation est forte de considérer la technologie comme l'alternative à l'enseignement classique. Or, la crise de la Covid a montré que le métier d'enseignant ne saurait disparaître comme l'ont démontré les études qui se sont penchées sur les limites du modèle de l'enseignement à distance. Il serait donc judicieux de fournir suffisamment d'efforts pour développer la recherche en pédagogie compte tenu des avancées techniques et de la présence de nouveaux instruments d'une manière critique sans être leurré par la toute puissance de la technique, supposée pouvoir tout remplacer y compris l'enseignant, poursuit Karbaoui. Dans l'avenir, explique-t-il, certains métiers disparaîtront et d'autres n'ont pas encore été inventés, ce qui nécessite de réelles compétences des enseignants de demain. De telles compétences devraient faire en sorte que l'élève/étudiant sorte de son ignorance, développe son jugement… Pour ce faire, une marge d'autonomie et de liberté devrait être accordé à l'enseignant pour oser et tester de nouvelles façons de transmettre du savoir. En fait, il ne s'agit pas de dispenser le même cours, avec la même pédagogie, à tous car les étudiants, même à niveau d'études équivalent, n'ont pas tous des compétences identiques. Par conséquent, une pédagogie qui doit s'articuler autour de chacun, avec une animation-coaching, devrait permettre aux élèves/étudiants de disposer des mêmes compétences. Régime indemnitaire des enseignants au Maroc Les professeurs de l'enseignement supérieur, les professeurs habilités et les professeurs-assistants perçoivent, outre le traitement afférent à leurs grade et échelon, une allocation de recherche et une allocation d'encadrement. Ces allocations sont payables mensuellement et à terme échu et sont exclusives de toutes autres indemnités, primes et avantages de quelque nature que ce soit, à l'exception des prestations familiales, des indemnités représentatives de frais et des indemnités pour heures supplémentaires. S'agissant des responsabilités du personnel universitaire, il faut noter que les professeurs habilités assurent, en collaboration avec les professeurs de l'enseignement supérieur, leur service sous forme de cours magistraux, de travaux dirigés et de travaux pratiques. Ils ont la priorité sur les professeurs-assistants à assurer les cours magistraux. Ils participent à l'actualisation des programmes des enseignements qui leur sont confiés. Les professeurs habilités justifiant de l'habilitation universitaire ou d'un doctorat d'Etat ou d'un diplôme reconnu équivalent assurent la direction des travaux de recherche, des mémoires et des thèses et participent aux jurys d'examens, de soutenance, d'habilitation universitaire et de concours. Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO